2021 devrait être une année sans précédent en termes d'activité officinale. « À ce jour, les chiffres des comptes arrêtés en cours d’année sont plutôt bons, voire très bons, pour ceux clôturant au 31 août ou au 30 septembre, qui ont bénéficié de la mise en place du passe sanitaire au cours de l’été et de l’envolée des vaccinations et, surtout, des tests », constate Olivier Desplats, commissaire aux comptes et expert-comptable du cabinet Flandre Comptabilité Conseil, à Marcq-en-Baroeul (Nord).
Toutefois, selon l'expert-comptable, « il est trop tôt pour pouvoir chiffrer le taux moyen de croissance, mais ce que nous observons laisse à penser qu’il sera significatif pour les officines moyennes, celles dont le chiffre d'affaires se situe entre 1,5 million et 2 millions d'euros ». Pour peu, ajoute-t-il, que ces officines soient « structurées humainement et disposent ainsi de moyens pour mettre en place ces services ». In fine, analyse Olivier Desplats, la marge progresse plus que le chiffre d'affaires puisque la partie « services », rémunérés en honoraires, augmente de façon significative…
Une trésorerie saine
Même constat pour Nicolas Baldo, expert-comptable chez KPMG. « Les TAG et les vaccins sont des contributeurs de croissance du taux de marge globale de l‘officine », précise-t-il, tablant sur un taux de marge officinal en hausse d’un, voire deux points pour les exercices clos au 31 décembre 2021, dans les officines ayant eu une forte demande en tests et vaccins. Le surcroît d'activité se traduit dans une augmentation de la marge en valeur qui, elle-même, contribuera à améliorer la trésorerie.
Une trésorerie qui devrait, selon l'expert-comptable, permettre de faire face aux diverses ponctions à prévoir en 2022 : remboursement du prêt garanti par l'État (PGE) ainsi que les échéances de l'emprunt et des charges sociales qui ont été reportées. Si cette augmentation de trésorerie n'est pas imputable à des retards de paiement, mais résulte bien d'une vraie rentabilité confirmée par la hausse de la marge, il y aura lieu, conseille Nicolas Baldo, d'envisager un investissement dans un robot, des travaux d'aménagement d'un plus grand espace de confidentialité, une prime aux salariés, ou une embauche supplémentaire.
Préparer l'ère post-Covid
Car la prochaine étape est bel et bien de préparer l'officine à l'ère post-Covid. Une situation qu'il convient d'anticiper également en matière de ressources humaines. « La prudence voudrait que, face à une suractivité supposée temporaire, le type de contrat mis en place soit un CDD. Or, en raison d'un marché de l'emploi très tendu, il est difficile d'en proposer », expose Olivier Desplats. Par conséquent, souligne-t-il, « il convient de bien suivre le ratio "frais de personnel" par rapport au chiffre d’affaires, et de s’assurer, une fois la crise terminée, que les embauches effectuées ne viennent pas entamer la rentabilité des officines ».
Philippe Becker, expert-comptable et commissaire aux comptes de Fiducial, estime lui aussi que l'officine de demain connaîtra de nouvelles évolutions. Or, souligne-t-il, l'organisation d'une pharmacie n'a pas été conçue pour des activités de services. « La seule issue est de réfléchir à de nouvelles organisations qui rendent possibles et productives de telles missions. Il faut certainement s’inspirer de ce qui se fait dans les cabinets médicaux de groupe avec une répartition des tâches où chaque salarié travaille sur sa valeur ajoutée. »
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques
Logigramme, formation…
Le dépistage de la cystite en pratique