Mardi 27 octobre, la ministre déléguée chargée de l'autonomie, Brigitte Bourguignon, a affirmé devant l'Assemblée nationale que seulement 16 % des pharmacies étaient en rupture de vaccins antigrippaux, suscitant l'ire, ou au mieux l'incompréhension, des syndicats de la profession.
Confrontée à une vague de demandes d'une ampleur inédite, la majorité des officines fait désormais face à une pénurie de vaccins antigrippaux avant de nouvelles livraisons qui ne suffiront pas à combler les attentes de tous les patients. Selon les chiffres du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), plus de 80 % des pharmacies étaient en effet à court de vaccins en fin de semaine dernière. Contraints de refuser la vaccination à des personnes vulnérables et réduits à contempler des frigos vides, les pharmaciens ont été ravis d'apprendre que la pénurie de vaccins antigrippaux n'était en fait que très marginale, comme l'a affirmé Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'autonomie. Interpellée dans l'hémicycle sur la situation de la campagne vaccinale, elle a ainsi prétendu que seulement « quelques tensions d'approvisionnement » avaient été observées jusqu’alors dans environ 16 % des « officines pharmaceutiques » à la date du 24 octobre.
Comment la ministre déléguée a-t-elle pu arriver à évoquer des chiffres en telle contradiction avec la réalité du terrain ? Simplement à cause d'une définition un brin douteuse de la notion de « pénurie », comme a pu l'apprendre Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « En fait, pour le gouvernement, une pharmacie est en rupture si elle n'a plus de vaccins et ne recevra plus de nouvelles commandes d'ici à la fin de la campagne. Ils ne comptent donc pas celles qui doivent encore recevoir des livraisons. C'est ce qui explique ce chiffre de 16 % d'officines concernées au 24 octobre », expose Philippe Besset qui, s'il ne veut pas entrer dans la polémique, avoue ne pas partager la même vision que la ministre sur le sujet. « C'est une question de point de vue, mais n'oublions pas que, comme c'est le cas dans ma pharmacie, une part importante des vaccins que nous allons recevoir est déjà réservée à des patients prioritaires », tient-il à rappeler.
Les déclarations de la ministre, Gilles Bonnefond ne les partage pas non plus, tant s'en faut. « 7,1 millions de doses de vaccin avaient été délivrées dans les pharmacies à la date du 24 octobre alors que les industriels en avaient mis 7,5 millions sur le marché lors de la première vague de livraison ». Le marché est aujourd’hui asséché car, comme le confirme le président de l'Union des syndicats pharmaceutiques de France (USPO) « les 400 000 doses restantes sont des vaccins réservés par les pharmaciens à leurs patients. Si la ministre dit qu’il n’y a pas de ruptures, c’est parce que ces doses sont au frigo ! », ironise-t-il. S'appuyant sur les chiffres d'IQVIA, Gilles Bonnefond rappelle enfin un autre chiffre qui illustre à lui seul l'état de la situation. « À la date du 22 octobre, 70 à 80 % des patients qui se sont présentés au comptoir pour un vaccin antigrippal ont essuyé un refus car leur pharmacien n'en avait plus ». CQFD.
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