Depuis le 15 février, les clients ne peuvent plus - en principe - acheter d'autotests en grandes et moyennes surfaces (GMS) et le monopole pharmaceutique sur ce dispositif a été restauré. Impossible donc de trouver des autotests en dehors des officines, du moins, c'est ce que l'on croyait.
Depuis deux semaines, il ne se passe pas une journée sans que Laurent Filoche ne reçoive des photos prises par des pharmaciens qui ont eu la mauvaise surprise de voir des autotests dans les rayons de grandes ou moyennes surfaces. Plusieurs enseignes sont concernées. Déjà engagé dans une procédure contre Intermarché (et Bastide), coupables selon lui d'avoir fait de la publicité hors les murs pour les autotests après la parution d'un arrêté interdisant pourtant cette pratique, le président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO) se demande désormais si les autorités de régulation vont sévir contre les GMS qui continuent d'écouler leurs stocks. Il est sceptique. « On a vu que la DGCCRF avait été très active pour contrôler les pharmacies sur les prix des SHA ou des masques au début de la crise. Va-t-elle agir de la même manière avec les GMS qui vendent des autotests aujourd'hui ? J'en doute », admet-il.
À la date butoir du 15 février, des grandes et moyennes surfaces se sont retrouvées avec des stocks d'autotests sur les bras. À tel point que certaines d'entre elles tentent désespérément de contacter des pharmaciens pour leur proposer leurs invendus. D'autres, refusant de voir dormir dans des cartons une belle source de revenus, ont décidé de continuer à en garnir leurs rayons, ignorant ainsi la réglementation en vigueur. Laurent Filoche n'est pas le seul à avoir remarqué que l'interdiction de vente des autotests en GMS n'était pas respectée par tous. « À ma connaissance, il y a eu déjà une dizaine de signalements venant de pharmaciens, explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Si des officinaux sont témoins de faits similaires et veulent que cela cesse, ils peuvent le signaler à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRRECTE) », rappelle-t-il.
Pour le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, le nombre de GMS récalcitrantes pourrait même être supérieur à ce qu'avance Philippe Besset. « Honnêtement, je pensais que c'était un phénomène très marginal, mais cela semble bien plus important que ce que l'on pouvait penser au départ. À ce jour, nous avons déjà recensé entre 20 et 25 signalements, affirme-t-il. Il y a encore eu des signalements en fin de semaine dernière, ce qui prouve que cela ne s'est pas limité aux quelques jours suivant la fin de l'autorisation de la vente en GMS », analyse Pierre-Olivier Variot, qui a sollicité le ministère de la Santé et le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens pour qu'ils s'emparent du sujet.
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques