SUJET au plus haut point d’actualité, et qui le sera d’ailleurs de plus en plus, comme l’a souligné notre consœur Danielle Roquier-Charles, coordinatrice du programme de cette soirée, quand on sait qu’en 2012 115 310 cas de nouveaux cancers sur un total de 355 000 ont été diagnostiqués chez des personnes de 75 ans et plus (soit 32,4 %) et que l’incidence du cancer croit avec l’âge.
Actuellement, 40 % des cas de cancer du poumon ou colorectal, 30 % des cas de cancer de la prostate et 20 % des cas de cancer du sein affectent des plus de 75 ans. Selon les estimations, en 2050, 1 cancer sur 2 surviendra chez des sujets de plus de 75 ans.
Age et cancers : des rapports complexes.
Du fait du vieillissement, de nombreux facteurs peuvent interférer avec la prise en charge d’un cancer.
Il s’agit prioritairement, a rappelé Danielle Roquier-Charles, de l’existence d’insuffisances fonctionnelles ou de comorbidités pouvant compromettre la tolérance à la chimiothérapie, d’une polymédication - source potentielle d’interactions médicamenteuses avec la chimiothérapie anticancéreuse - répondant à une polypathologie, d’une dénutrition, d’une altération de l’état cognitif, d’une baisse de l’autonomie, de difficultés d’observance d’origine multiple et d’un contexte socio-économique pouvant être difficile.
De nombreux facteurs impliqués.
Le Pr Muriel Rainfray (gériatre, chef du Pôle de gériatrie, CHU de Bordeaux, membre de l’Unité pilote de coordination en oncogériatrie), a insisté, pour sa part, sur l’intérêt, fondamental, de repérer et d’estimer la fragilité du patient âgé, car le phénomène du vieillissement apparaît très hétérogène, distinguant les sujets sains « robustes », les sujets « fragiles » et les sujets « malades et/ou dépendants ». Et que la fragilité représente un risque bien établi d’aggravation de troubles existants.
Ce repérage utilise différents questionnaires répertoriant une éventuelle perte de poids spontanée significative (4,5 kg) au cours des 12 derniers mois, le ressenti d’une fatigue, le degré d’activité physique, la vitesse de marche… On peut également mettre à profit des approches complémentaires, comme des tests cognitifs et de qualité de vie. Un sujet à prendre en considération quand on sait que dans l’étude SHARE (résultats publiés en 2009) sur la prévalence de fragilité en Europe, 15 % des patients âgés ont été classés comme « fragiles » et près de 44 % dans un stade intermédiaire « préfragile ». Or, rien que le ralentissement de la vitesse de marche (parcourir 4 m en plus de 4 secondes) pour les plus de 65 ans est déjà prédictif d’une diminution de l’espérance de vie à 5 et 10 ans.
En oncogériatrie, il est également primordial de se préoccuper des comorbidités éventuellement présentes (en fait extrêmement fréquentes chez la personne âgée) et, au premier chef, l’insuffisance rénale (les plus de 70 ans sont 25 % à avoir un débit de filtration glomérulaire compris entre 30 et 59 ml/mn ; 74 % pour les plus de 80 ans) - même s’il est rare d’observer une évolution vers une insuffisance rénale terminale - les pathologies cardio-vasculaires, les polypathologies et les troubles cognitifs (haut risque de mauvaise observance).
L’équipe officinale doit avoir présente à l’esprit les nombreuses conséquences cliniques du vieillissement rénal commun : risque de déshydratation (régime sans sel abusif, diurétiques, anorexie de plusieurs jours, états infectieux, troubles digestifs) et impact sur les traitements médicamenteux (parmi lesquels certaines chimiothérapies).
Les maladies cardio-vasculaires ont également une incidence élevée chez les sujets âgés. C’est ainsi, par exemple, que plus de 22 % des plus de 80 ans présentent une maladie coronaire.
Quant aux troubles cognitifs (maladie d’Alzheimer et autres pathologies), ils doivent être pris en compte dans la décision thérapeutique, car ils peuvent interférer grandement sur la capacité à donner son consentement ainsi que sur celle à suivre correctement son traitement.
Enfin, le Pr Rainfray a appelé les pharmaciens à exercer une particulière vigilance au bénéfice des personnes âgées en fonction de leur consommation médicamenteuse (et de l’adaptation posologique), rappelant à ce sujet que la pathologie iatrogène est responsable de 5 % des hospitalisations et de la mortalité.
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