CHOUETTE, les cacahuètes ne comptent plus pour « peanuts ». Mieux, bannies à tort depuis des années de tous les régimes amaigrissants, elles se rachètent une respectabilité diététique. Car selon l’une des études les plus solides en nutrition avec un suivi de plus de 30 ans, non seulement manger des oléagineux ne fait pas grossir, et permet à l’inverse de garder la ligne, mais le grignotage d’une poignée par jour permet d’allonger la durée de vie jusqu’à 20 %. Cette très large étude menée sur deux des plus grandes cohortes américaines, la Nurses’ Health Study (76 464 femmes) et la Health Professionals Follow-up Study (42 498 hommes), apporte la preuve que plus la consommation est régulière et quotidienne, plus la mortalité globale et spécifique diminue.
Le précédent espagnol du régime méditerranéen.
La composition nutritionnelle des oléagineux a largement de quoi expliquer ces bienfaits. Avec une teneur élevée en acides gras insaturés, en protéine de haute qualité, en fibres, en vitamines (folates, niacine, vitamine E), en minéraux (potassium, calcium, magnésium) et en phytocomposés (caroténoïdes, flavonoïdes, phytostérols), on leur prête des propriétés cardioprotectrices, anticancéreuses, antiinflammatoires et antioxidantes. Les épidémiologistes ont ainsi observé que la consommation de ces fruits secs est associée à un moindre risque de diabète de type 2, de syndrome métabolique, de cancer du côlon, d’hypertension. Mais, les choses sont devenues vraiment sérieuses avec l’étude espagnole PREDIMED publiée en février 2013, dans le New England Journal of Medicine également, qui vantait les bénéfices cardio-vasculaires du régime méditerranéen, et faisait la part belle aux noix-noisettes-amandes, à égalité avec l’huile d’olive.
Plus on en mange, plus on vit vieux.
Il y a de quoi en perdre son latin de nutrition. S’il fallait soigneusement mépriser les appétissants mélanges de noix exotiques à l’heure de l’apéritif pour maigrir, le discours s’inverse du tout au tout. Car il n’est pas question d’en grignoter une ou deux par-ci, par-là, le mieux est d’en consommer au moins une ration de 30?grammes tous les jours ! L’équipe a montré que la mortalité diminue régulièrement avec la consommation. Comme le souligne Ying Bao, le premier auteur : « À moins d’une portion par semaine, les consommateurs de noix ont une mortalité diminuée de 7 %, pour une portion par semaine, une mortalité réduite de 11 %, pour 2 à 4 parts par semaine une mortalité réduite de 13 %, pour 5 à 6 parts par semaine une mortalité réduite de 15 %, et pour plus de 7 portions par semaine, une mortalité diminuée de 20 % ».
Un effet protecteur cardiovasculaire et anticancéreux.
« Le bénéfice le plus flagrant était de 29 % pour la mortalité cardio-vasculaire, commente le Dr Charles Fuchs, l’auteur senior, directeur de recherche au Dana-Farber. Mais nous avons aussi constaté une réduction significative de 11 % de la mortalité par cancer ». La mortalité de cause respiratoire était également significativement diminuée. Autre surprise, les consommateurs réguliers étaient plus minces, fumaient moins, faisaient plus d’exercice physique, et prenaient davantage de suppléments vitaminiques. Ils consommaient par ailleurs davantage de fruits et de légumes et buvaient plus d’alcool. Pas question ici de faire de la discrimination entre les fruits à coque. L’étude a comparé les effets des cacahuètes et à ceux des oléagineux issus d’arbres (noisettes, noix, amandes, noix de Cajou, noix de Pécan, pistaches, pignons de pin, macadamias). Bilan, aucune différence n’est ressortie entre les deux catégories. Salés, épicés, grillés, crus, pour l’instant, tout est permis pour les fruits secs, puisque le mode de préparation n’a pas été examiné de plus près.
Une causalité non prouvée mais (presque) entérinée.
L’équipe américaine concède que le caractère observationnel de l’étude ne permet pas de conclure à un effet de causalité. En fait la causalité pourrait même être inverse, les patients atteints de maladies chroniques évitant une fois diagnostiqués de manger des oléagineux. Sauf que les scientifiques ont pris soin de s’entourer de très nombreuses précautions méthodologiques. En particulier, en excluant dès l’inclusion les sujets ayant des antécédents de cancer, de maladie cardio-vasculaire ou d’accident vasculaire cérébral. De plus, ils ont supprimé de l’analyse les 2 années suivant le diagnostic d’une maladie chronique en rallongeant le suivi d’autant, ainsi qu’en excluant les sujets n’ayant jamais fumé et ceux aux corpulences extrêmes. Et enfin, même en appliquant un score de propension, les résultats ne bougeaient pas d’un iota. Ce qui ne fait que renforcer les recommandations américaines sur la consommation quotidienne d’oléagineux de la Food and Drug Administration de 2003 relayées récemment par l’American Heart Association dans le numéro de Circulation du 12 novembre 2013.
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