Si le défi des maladies chroniques concerne potentiellement tous les patients, et toutes les pathologies où le patient peut acquérir des capacités d’auto-soins, il faut bien reconnaître que les difficultés sont encore plus grandes dans certains types de populations. Pour autant, Fredi Mimoun* a entrepris ces dernières années de développer cette démarche au sein d’une patientèle constituée notamment de populations maghrébines, turque et portugaise, présentant volontiers des problèmes linguistiques (certains ne sachant ni lire, ni écrire), de niveau éducatif et ayant des représentations pouvant être très différentes de celles habituellement rencontrées. Pas disposé à « baisser les bras », selon sa propre expression, Fredi Mimoun a décidé tout d’abord de se former afin de disposer des outils nécessaires, notamment à l’entretien motivationnel du patient (entretien semi-directif visant à accroître la motivation intrinsèque du patient à changer, par l’exploration et la résolution de l’ambivalence) pour viser une prise en charge globale de ce dernier. Tout en ciblant les fenêtres d’opportunité : à l’instauration d’un traitement, à l’occasion d’un changement de traitement ou au décours d’une hospitalisation, d’un bilan de suivi thérapeutique ou encore d’une campagne de dépistage ou de prévention.
Une démarche bien codifiée
Tout débute par un premier rendez-vous, de 20 à 45 minutes, permettant un diagnostic éducatif, en tenant le plus grand compte du niveau psycho-social et de la culture de chaque patient concerné. En identifiant ce que le patient connaît déjà de sa maladie et des enjeux. « Nous travaillons ensuite avec le patient, à raison d’un entretien de 30 minutes une semaine sur deux, sur un ou deux projets, dans le cadre d’un contrat éducatif concrétisé par des ateliers éducatifs. Par exemple, l’introduction d’une activité physique – 20 minutes de marche 3 fois par semaine -, le renforcement de la surveillance glycémique via un lecteur ou encore sur les complications, comme les hypoglycémies. »
Parmi les clés du succès identifiées par notre confrère, celui-ci a évoqué l’identification des patients ayant besoin d’un suivi (patients adressés par des médecins généralistes ou des diabétologues de patients présentant un taux d’hémoglobine glyquée se maintenant à un chiffre trop élevé, ou en réascension après une baisse dans un premier temps). Mais aussi la pratique d’une écoute attentive, ne pas compter son temps, travailler la motivation du patient, intégrer un « réseau diabète », planifier les rendez-vous, reformuler avec les mots du patient en ne perdant jamais de vue que l’observance dépend beaucoup de l’état émotionnel et, enfin, prendre en compte la composante socio-culturelle, les croyances, les habitudes alimentaires ainsi que l'environnement familial et professionnel du patient.
* Membre de l’Association française de la diffusion de l’entretien motivationnel, et de l’Association francophone du diabète
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