Libérées ! Mais pas encore délivrées. La suspension du vaccin AstraZeneca lundi après-midi a conduit à la mise en quarantaine des premières doses commandées par les officines la semaine précédente. Une mesure levée vendredi après l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), qui suivait le feu vert de l’Agence européenne du médicament (EMA) la veille au soir, et qui va permettre la livraison des précieux sérums au milieu de cette semaine. Seuls les pharmaciens des 18 départements placés sous haute surveillance les semaines précédentes, et ayant reçu des vaccins AstraZeneca en flux poussés avant la suspension, ont pu reprendre la vaccination dès vendredi s’ils n’avaient pas encore utilisé les flacons.
Reste à redonner confiance en ce vaccin aux 78 % Français qui ne veulent plus en entendre parler*. Le Premier ministre, Jean Castex, 55 ans, s’est attelé à la tâche vendredi en se faisant vacciner avec l’AstraZeneca face aux caméras. L’âge a son importance. Constatant que les rares cas graves rapportés après vaccination - et même si le lien avec le vaccin n’a pas été établi - concernaient des personnes jeunes et jusqu’à 54 ans, la HAS a décidé vendredi de réserver ce vaccin aux personnes de 55 ans et plus. Un avis qui évoluera en fonction des données disponibles. De son côté, l’EMA, tout comme l’agence du médicament britannique (MHRA), a clairement conforté la place de ce vaccin dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 puisqu’il est « sûr et efficace », et qu’il n’est « pas associé à une augmentation du risque global d’événements thromboemboliques ou de caillots sanguins » qui sont même moins nombreux chez les personnes vaccinées que ce qui est constaté hors vaccination. Les bénéfices l’emportent donc largement sur les risques, notamment en termes de protection contre les hospitalisations et les décès du Covid-19, alors que la pandémie bat son plein en Europe.
Transparence requise
Néanmoins, malgré des jours d’analyse approfondie de 18 cas de thromboses veineuses cérébrales et 7 cas de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) - des pathologies très rares - sur quasiment 20 millions d’injections réalisées, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’EMA ne peut « toujours pas exclure définitivement un lien entre ces cas très rares et le vaccin » et continue les investigations. Le comité recommande aux États membres d’être transparents sur ces risques potentiels, de les inclure dans les informations du produit et de « fournir des informations aux professionnels de santé et aux personnes vaccinées pour aider à arrêter et atténuer tout éventuel effet secondaire ». Il précise qu’aucun défaut de qualité n’a été détecté sur les lots de vaccins ou sur les sites de fabrication.
Si la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne ou les Pays-Bas reprennent rapidement la vaccination avec AstraZeneca, la Norvège, la Suède et le Danemark vont mener leurs propres évaluations avant toute décision.
* Selon un sondage de l’Institut Elabe pour BFMTV mené par Internet les 15 et 16 mars après suspension du vaccin auprès de 1 000 personnes de 18 ans et plus.
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