L’AGENCE régionale de santé (ARS) de Bourgogne a fait de l’amélioration du dépistage du diabète l’une de ses priorités. « Nous avons constaté que le diagnostic de diabète de type II était souvent posé trop tard, car c’est une maladie silencieuse, explique Marie-Anne Vérot, de l’ARS Bourgogne. Or, lorsque les complications deviennent visibles, elles peuvent être très graves. Le diabète est la première cause de cécité et d’amputation chez l’adulte et provoque le décès de 1 100 personnes chaque année dans la région », rappelle-t-elle.
Afin de dépister la maladie en amont de ces complications, l’ARS a décidé de miser sur les pharmaciens. « Nous nous sommes inspirés d’expérimentations passées et nous avons retenu l’idée que l’officine était un lieu facile d’accès, où les patients se rendent spontanément. Et le pharmacien est un interlocuteur privilégié », estime-t-elle. L’ARS a donc travaillé avec l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens, mais aussi avec l’URPS médecins, l’association des diabétiques de Bourgogne, l’assurance-maladie et la Mutualité française Bourgogne.
125 officines volontaires.
Après un an de préparation, une expérimentation vient d’être lancée dans plus de la moitié des 216 officines de Saône-et-Loire. « Les pharmacies volontaires ont été invitées à se manifester. L’objectif est de proposer gratuitement aux patients à risque le dépistage du diabète à l’officine », indique Marie-Anne Vérot. En Saône-et-Loire, elle évalue à 5 000 le nombre de personnes susceptibles de souffrir d’un diabète de type II sans le savoir. Entre le 8 septembre et le 4 octobre, plus de 125 officines se mobilisent pour leur proposer un test de dépistage anonyme et gratuit. « C’est pour nous une très bonne occasion de prouver que nous avons un rôle important à jouer en santé publique », estime Pascal Martin, vice-président de l’URPS pharmaciens de Bourgogne et titulaire d’une officine à Champforgueil.
En pratique, des quiz sont mis à la disposition des patients sur le comptoir. Ils permettent de déceler d’éventuels facteurs de risques ou antécédents familiaux de diabète. Si la personne répond "oui" à l’une des questions, elle est invitée à rejoindre un espace de confidentialité, où le pharmacien remplit une carte T de recueil de données : âge, taille, poids, calcul de l’indice de masse corporelle, mesure de la tension artérielle, antécédents familiaux, etc. « Si deux des items sont positifs, on propose un test de glycémie capillaire, indique Pascal Martin. On pique à la pulpe d’un doigt et on vérifie si la glycémie est dans les normes ou non. »
Si c’est le cas, il suffit au pharmacien d’envoyer la carte T à l’Observatoire régional de la santé (ORS) de Bourgogne, chargé de collecter et d’analyser les résultats de cette expérimentation. Mais si la glycémie est trop élevée, il remet alors la carte au patient, qui doit se rendre chez le médecin pour effectuer des analyses plus approfondies. C’est ce dernier qui tamponne la carte et la renvoie à l’ORS. « Il est hors de question de dire aux patients qu’ils ont du diabète, insiste Pascal Martin. Nous les dirigeons immédiatement vers le médecin si le résultat n’est pas conforme aux normes. » Dès le premier jour de l’expérimentation, Pascal Martin a déjà réalisé 10 tests, et adressé un patient au médecin. « Cela ne m’a pas pris plus de 10 minutes par patient, assure-t-il. Et ils sont ravis que l’on s’occupe d’eux. Cela permet de nouer un vrai dialogue. »
Une enveloppe de 60 000 euros a été allouée à ce projet, grâce au fonds d’intervention régional (FIR) dont peut disposer l’ARS. Elle permet de financer la mise en place de la campagne, son évaluation, mais aussi de proposer une rémunération aux officines participantes : 100 euros pour se procurer le matériel nécessaire aux tests (lecteur de glycémie, gants, matériel à usage unique pour piquer, etc.) et forfait de 15 euros par test, si l’officine réalise au moins une dizaine de tests, avec un maximum de 150 euros par officine. D’ici à la fin de l’année, l’ORS de Bourgogne devrait rendre ses conclusions sur l’intérêt de ce dépistage en officine. Et si elles sont positives, le dispositif pourrait être étendu à d’autres départements bourguignons.
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques