Une fois n’est pas coutume, les Français se sont distingués avec la publication récente d’une grande étude sur les opinions concernant la vaccination. Ils sont sans conteste les plus méfiants parmi les populations de 67 pays interrogées sur leur confiance dans la sécurité, l’utilité et l’efficacité des vaccins.
Menée par les chercheurs du Vaccine Confidence Project (Projet confiance dans les vaccins) à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, l’enquête souligne que le taux de défiance moyen pour les 67 pays est de 13 %, un taux qui atteint les 41 % en France.
Elle se place ainsi devant la Bosnie-Herzégovine (36 %), la Russie (28 %), la Mongolie (27 %), la Grèce (25 %), l'Arménie (21 %) et la Slovénie (22 %). De plus, une petite frange de la population française n’hésite pas à mettre en doute l’efficacité des vaccins (17 %) et l’importance des vaccins infantiles (12 %).
Tache d’huile
Pourquoi le positionnement des Français se démarque-t-il si fortement ? Outre la tendance générale à oublier les prouesses médicales obtenues grâce aux vaccins, comme l’éradication de la variole en 1980, les Français ont mal vécu les différentes controverses concernant différents vaccins tels que ceux contre l’hépatite B, les infections à papillomavirus ou la grippe A (H1N1).
Et comme le souligne l’un des auteurs de l’étude, même après avoir scientifiquement démontré que ces controverses n’étaient pas fondées, la méfiance n’a pas disparu. À ses yeux, il s’agit là surtout d’un indicateur de défiance des citoyens vis-à-vis de l’État, la communauté soignante et les laboratoires pharmaceutiques.
En France justement, la ministre de la Santé Marisol Touraine a lancé un grand débat citoyen sur le sujet début 2016, s’alarmant d'un taux de vaccination antigrippale qui a chuté de 13 points depuis 2008, d'une baisse de la vaccination des nourrissons et de la résurgence de la rougeole en France.
L’inquiétude s’appuie sur une méfiance qui dépasserait désormais les mouvements anti-vaccins au point de compromettre, à terme, la sécurité sanitaire collective. Les chercheurs n’hésitent pas à exprimer leurs craintes que le positionnement des Français ne fasse tache d’huile, notamment dans d’autres pays francophones et même au-delà.
Améliorations majeures
Néanmoins les auteurs de l’étude notent que, malgré des différences significatives entre pays, l’importance des vaccins est globalement reconnue. Mais un peu moins en Europe (telle que définie par l’OMS et incluant donc la Russie) où 17 % de la population pense que les vaccins ne sont pas sûrs et 11 % qu’ils sont inefficaces.
A contrario, des pays comme le Bangladesh se démarquent par l’absence de réponse négative quant à l’importance et la sécurité des vaccins, quand leur efficacité est plébiscitée à 93 %. Une adhésion que les chercheurs expliquent par le fait que la vaccination a été introduite par des membres de communautés locales et parce que la population a pu constater par elle-même « les améliorations majeures de la santé des enfants ».
L’enquête souligne cependant que les personnes convaincues de l’importance des vaccins sont plus nombreuses que celles qui les estiment efficaces. Autrement dit, les répondants peuvent à la fois être persuadés de l’importance des vaccins mais exprimer une méfiance quant à leur efficacité.
Enfin, l’étude s’est penchée sur la compatibilité entre religion et vaccination. Globalement, 15 % des personnes interrogées font valoir une incompatibilité qui est davantage exprimée en Asie. Selon les auteurs, la religion « semble moins jouer contre les vaccins que le contexte politique ».
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