L’ÉTÉ approche et de nombreux clients ou clientes cherchent à perdre leurs kilos superflus avant de se lancer vers les plages ensoleillées. Plus facile à dire qu’à faire. Car s’il existe aujourd’hui pléthore de régimes, tous semblent présenter quelques inconvénients (voir ci-dessous). Un jour encensés, ils sont dès le lendemain contestés. Il faut dire que leurs auteurs, souvent très médiatiques, n’hésitent pas à s’invectiver sur les plateaux de télévision ou par journaux interposés. Et la tension monte encore d’un cran à la veille des vacances estivales. Il y a quelques jours, deux célèbres médecins nutritionnistes s’étaient ainsi donné rendez-vous au tribunal, par l’intermédiaire de leurs avocats respectifs. Le Dr Pierre Dukan poursuit en effet pour diffamation son confrère Jean-Michel Cohen. À l’origine du différend entre les deux hommes, un article paru en juin 2010 dans le magazine « Meilleur Santé » dans lequel le Dr Cohen accusait la méthode Dukan d’être « une véritable destruction alimentaire qui entraîne de graves problèmes de santé chez certains patients comme une forte hausse de cholestérol, des problèmes cardio-vasculaires, des cancers du sein ». Coïncidence ou pas, le journal « Le Parisien » publiait à la veille de l’audience une enquête montrant que 80 % des adeptes du régime Dukan avaient repris leur poids initial quatre ans après avoir suivi la méthode. En clair, ce régime serait inefficace et dangereux. Son concepteur affirme, quant à lui, « mettre en balance les risques et les bénéfices » et relativise : « le vrai risque, c’est le surpoids et l’obésité ». Sur le plan juridique, le procureur a requis la relaxe de Jean-Michel Cohen. Le délibéré est attendu pour le 5 juillet.
La polémique sur les régimes n’est pas nouvelle. Elle a été réactivité à la fin de l’année dernière avec la publication d’un rapport* de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) remettant en cause bon nombre de méthodes amaigrissantes (« le Quotidien » du 20 décembre). Les auteurs n’en épargnent aucune et mettent dans le même panier les méthodes Dukan, Fricker, Mayo, Montignac, Ornish ou encore Weigth Watchers. Pour eux, ces régimes peuvent se révéler « néfastes » lorsqu’ils sont pratiqués sans le suivi d’un spécialiste. Le sujet est sensible et, avant de trancher, l’agence a souhaité enrichir sa réflexion en soumettant son travail aux membres de la communauté scientifique et médicale, aux représentants associatifs et aux responsables des organisations professionnelles. Et c’est en mai dernier qu’elle a rendu un avis sur la question. Rappelant qu’il ne s’agit pas d’une analyse de type bénéfice-risque en fonction de la situation de chaque individu, l’ANSES conclut une nouvelle fois que la pratique de régime à visée amaigrissante n’est pas un acte anodin, en particulier pour des populations sensibles (adolescentes, femmes enceintes, personnes âgées…). « La recherche de la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques, en particulier lorsqu’il est fait appel à des pratiques alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées, écrivent les auteurs. Ainsi, toute démarche d’amaigrissement nécessite un accompagnement médical spécialisé. » Ils précisent que, en l’absence d’excès de poids, les régimes à visée amaigrissante, qu’ils soient proposés par des médecins ou des non-médecins, sont des pratiques à risques. « Le public doit donc être averti des conséquences néfastes à court, moyen ou long terme de ces régimes, d’autant plus qu’ils sont déséquilibrés, associés à des troubles sévères du comportement alimentaire, et peuvent conduire à terme à un possible gain de poids irréversible », insiste l’ANSES. Autant de recommandations à bien garder à l’esprit quand le prochain candidat à la perte de poids se présentera au comptoir.
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