SI LE TERME infarctus est une notion familière aux Français, comme le confirme une récente enquête d’opinion Ipsos-AstraZeneca (novembre 2010), leurs connaissances de la maladie et de sa gravité sont insuffisantes, et les gestes d’urgence à adopter en cas de crise sont souvent inappropriés, voire méconnus. Selon l’enquête, l’image spontanée de l’IDM se cristallise sur sa phase aiguë (53 %). Pourtant, ils sont moins d’un Français sur deux à identifier la douleur dans la poitrine comme un signe d’alerte, et ils sont également un sur deux à ignorer qu’une douleur digestive peut aussi être annonciatrice. Face à une crise, à peine 2 % évoquent spontanément les trois gestes qui sauvent (massage, bouche à bouche, défibrillateur), et l’appel du 15 (SAMU) n’est cité que par 30 % (12 % pour les pompiers). Une majorité cite le médecin traitant ou le cardiologue en premier recours. En réponse assistée les résultats s’améliorent, mais ils ne doivent pas masquer la réalité : les Français ont des progrès à faire pour être en mesure de réagir vite et bien face à un IDM. En fait, pour près d’une personne sur deux les informations sur l’IDM semblent trop compliquées, pour 63 % les médias n’en parlent pas assez, et un tiers ne sait pas vers qui se diriger en cas d’IDM. D’où l’importance d’une intensification et d’une clarification de l’information.
90 minutes pour agir.
« La très bonne coopération entre SAMU, médecins généralistes, cardiologues et services d’urgence et de cardiologie optimise la prise en charge pendant l’événement, mais, devant toute suspicion d’infarctus et de douleur intense à la poitrine, un seul réflexe compte : appeler le 15 directement et sans délai afin d’intégrer le parcours de soins optimal », insiste le Dr Patrick Goldstein, ex-président de la Société française de Médecine d’Urgence (SFMU). Actuellement, seulement un patient sur quatre qui présente un IDM nécessitant une reperfusion en extrême urgence bénéficie du parcours optimal.
« Il ne faut pas perdre de temps et agir si possible en moins de deux heures (90 minutes), poursuit le représentant de la SFMU. Il est conseillé de faire l’impasse sur son médecin de famille. » En effet, si ce délai crucial est respecté à 55 % en cas d’intervention du SAMU, il chute à moins de 20 % si le généraliste est contacté en priorité. La qualité du recours à la reperfusion est également fonction du premier contact médical : la globalité de la reperfusion est de 80 % si le SAMU est le premier intervenant, elle n’est que de 65 % pour les appels aux services d’urgence et de 50 % s’ils sont dirigés vers le généraliste. La prise en charge préhospitalière médicalisée est exemplaire en France à condition de passer par la bonne filière, et le nombre de parties impliquées influe sur la mortalité à court terme : avec l’intervention d’un seul acteur le pourcentage de la mortalité à 30 jours est de 4,3, mais il atteint près de 10 % si trois acteurs et plus sont impliqués. « Les deux cas les plus préoccupants pour lesquels les SAMU sont alertés trop tardivement concernent les femmes âgées qui ne s’inquiètent pas assez vite, et les douleurs thoraciques du petit matin qui touchent généralement les jeunes quadras qui ne se sentent pas concernés », constate l’urgentiste.
Une maladie qui inquiète.
L’IDM est perçu par les Français comme une maladie grave (74 % vs 86 % pour le cancer) et fréquente : 65 % pensent pouvoir en être atteints (vs 80 % pour le cancer). L’infarctus véhicule aussi une forte charge émotionnelle et les Français le craignent pour eux (31 %) et davantage encore pour leurs proches (47 %). Et, même si 18 % pensent qu’il est rare d’en mourir, cette maladie leur fait peur. Un gros travail de prévention est à accomplir en amont, avant la maladie, puisqu’il faut convaincre le plus grand nombre de personnes, a priori saines et inconscientes, des dangers de la maladie et du risque qui les menace. Même si les préoccupations sont centrées sur l’évitement de l’événement et sa gestion, l’effort d’information et de sensibilisation doit se poursuivre au-delà de la phase aiguë. En effet, contrairement à ce que pensent l’opinion publique et certains patients, l’IDM est une maladie récidivante qui nécessite une surveillance étroite et un contrôle strict des facteurs du risque cardio-vasculaire (hypertension, diabète, tabagisme, dyslipidémie, surpoids), un traitement médicamenteux optimal et le dépistage de nouvelles lésions. Les patients ayant un antécédent d’événement ischémique sont à haut risque de récidive.
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