Lundi soir, dans le « Journal de 20 heures » de TF1, on a vu un pharmacien de Levallois-Perret en train de réaliser un TROD-Covid dans son officine. Alors qu'un arrêté est en attente de publication, un officinal risque-t-il d'être poursuivi s'il réalise cet acte dès aujourd'hui ?
Président du groupement Suprapharm et titulaire à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, Bruno Fellous a décidé de prendre les devants et a déjà réalisé une cinquantaine de TROD-Covid 19 (voir notre article « abonné ») dans son officine, sans attendre la publication de l'arrêté qui doit déterminer les conditions précises dans lesquelles les officinaux pourront réaliser cet acte. « J'ai voulu rendre dès aujourd'hui ce service à mes clients. J'ai acheté des tests validés par le Centre national de référence (CNR) le week-end dernier. Nous avons le droit d'acheter et de vendre des autotests, autant prendre le temps d'expliquer les résultats comme je l'ai fait, estime-t-il. Si toutes les pharmacies du pays réalisaient quotidiennement 50 TROD, on pourrait tester un million de personnes par jour. À l'étranger, cela ne pose pas de problème, en France, l'administration traîne. Alors je me mets peut-être en danger en faisant cela, mais je ne vois pas où est le mal. J'ai anticipé et je l'assume. » Selon Bruno Fellous, certains de ses confrères auraient décidé d'en faire de même pour répondre à la demande de leurs patients.
Très commentée sur les réseaux sociaux, l'initiative de l'officinal n'a pas échappé aux radars du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens (CROP) d'Ile-de-France. « Surpris et choqué », son président, Bruno Maleine tient à rappeler que réaliser un TROD-Covid 19 en officine est tout simplement illégal pour le moment. « Le reportage diffusé à la télévision sème le trouble, il laisse entendre que les pharmaciens ont le droit de le faire alors que c'est interdit tant que l'arrêté n'a pas été publié. Les laboratoires d'analyses médicales sont, à l'heure actuelle, les seuls qui peuvent en proposer. En réalisant un TROD-Covid 19 aujourd'hui, un pharmacien s'expose donc à des poursuites et à des sanctions disciplinaires », détaille Bruno Maleine, qui redoute désormais que certains officinaux ne prennent la même décision que Bruno Fellous.
En revanche, comme le précise également le président du CROP d'Ile-de-France, « la vente d'autotests en officine n'est interdite par aucun texte », alors que les autorités sanitaires insistent sur l'importance de ne pas laisser un patient interpréter les résultats d'un test sans l'expertise d'un professionnel de santé. Une contradiction difficile à comprendre pour des représentants de la profession. « Aujourd'hui, faire un TROD Covid-19 en officine relève tout simplement de l'exercice illégal du métier de biologiste donc on recommande bien sûr aux pharmaciens de ne pas le faire, on ne va pas aller contre le droit, précise tout d'abord Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Néanmoins, autoriser la vente d'autotests, du moment qu'ils ont le marquage CE, et ne pas nous donner le droit d'accompagner le patient, c'est juste incompréhensible. » À l'image de l'UDGPO ou de Federgy, Philippe Besset espère que l'arrêté sortira « le plus vite possible », pour que le rôle du pharmacien par rapport au dépistage soit enfin clarifié.
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