SI LA GRANDE MAJORITÉ des pharmaciens ont effectué des entretiens AVK, il n’en est pas de même pour les entretiens asthme, comme le souligne un sondage mené par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) auprès de 384 officinaux (du 10 avril au 22 mai 2015). En effet, seulement 4 % des pharmaciens ont effectué au moins un entretien avec un patient asthmatique… contre 80 % des pharmaciens pour un entretien AVK. Principal problème : le recrutement des patients éligibles aux entretiens est trop compliqué et, dans la grande majorité, les pharmaciens n’ont pas signé d’adhésion à l’avenant asthme. De même, la plupart des pharmaciens interrogés ne souhaitent pas démarrer les entretiens asthme car ils sont trop longs et ne sont pas assez rémunérés. Ces deux derniers écueils sont également pointés du doigt dans le cadre des entretiens AVK, qui ont pourtant connu beaucoup plus de succès. En effet, 93 % des officinaux ont constaté que cet accompagnement était plus chronophage qu’ils ne l’avaient envisagé, et 92 % que le niveau de rémunération n’était pas adapté. Au final, parmi les pharmaciens qui se sont lancés dans les entretiens asthme, plus de 40 % comptent arrêter, tandis que 87 % de ceux qui n’en faisaient pas jusqu’alors ne souhaitent pas démarrer.
Échec.
Avec les résultats de ce sondage, l’USPO ne peut que constater l’échec des six premiers mois des entretiens asthme et s’inquiéter de la tournure que prennent les entretiens AVK. Toutefois, « cela ne doit pas ralentir le développement des nouvelles missions du pharmacien », martèle le syndicat, en insistant sur le fait que « les entretiens n’ont pas vocation à compenser la baisse de marge sur les médicaments mais à rechercher des leviers de croissance en sécurisant les patients les plus fragiles ».
Sur le site du Quotidiendupharmacien.fr, certains confrères n’ont pas tardé à faire part de leur expérience, et de leurs réticences. Notamment Laure M. qui a abandonné le paiement des entretiens pharmaceutiques et en propose une version « maison » : « vu la complexité du recrutement des patients, le temps à passer en paperasses, sans compter la vérification des remboursements attendus (40 € par an, pourtant, ça devrait me motiver) j’ai décidé de faire un don gracieux de ces honoraires proposés avec tant de générosité par la Sécu. Et cela, en continuant à faire mon travail comme depuis 20 ans, à savoir, expliquer encore et encore, montrer, reprendre, rectifier les erreurs, éduquer les patients à leur traitement. Et ce sans attendre, comme à la maternelle, qu’on me donne un bon point ou qu’on me tape sur les doigts au gré des visites de ma déléguée de l’assurance-maladie. » Toutefois, notre consœur s’avoue fatiguée de son métier qui lui prend 70 heures de son temps hebdomadaire et qui ne lui rapporte plus de salaire depuis un an. « Alors, la motivation pour le recrutement des asthmatiques… Et bien non, désolée. Tout le bénéfice est pour la Sécu, avec un argument contre moi, puisque, officiellement, je n’entre pas avec enthousiasme dans ces missions soi-disant nouvelles qu’on découvre être de notre ressort. » Des propos soutenus par Bruno M, qui déclare que les pharmaciens n’ont « pas attendu pour faire leur métier, et cela gratuitement », et qui s’agace de voir fleurir des « entretiens générés par les ectoparasites ». « Pour faire des économies, donnez-nous de la liberté », conclut-il.
Quoi qu’il en soit, cette étude de l’USPO signe la lassitude des pharmaciens en ce qui concerne les entretiens AVK, et leur manque de motivation à débuter ceux sur l’asthme. Pourtant, la quasi-totalité sont d’accord pour affirmer que ces entretiens sont bénéfiques au patient et à la relation client. Pour les entretiens AVK, 96 % des pharmaciens considèrent qu’ils améliorent la connaissance des patients sur leur traitement, et 88 % leur observance.
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