Masques aux allures de serpillières reçus par les habitants de Lyon, commande de 20 000 modèles défectueux et inutilisables à Pertuis dans le Vaucluse, masques trop petits et trop fragiles distribués par la mairie de Nancy… les distributions de masques réutilisables ont parfois tourné au fiasco dans certaines communes et des pharmaciens ont connu, eux aussi, de désagréables surprises en découvrant l'apparence véritable des masques grand public qu'ils avaient achetés.
Si certains grossistes-répartiteurs, comme l'OCP, s'emploient pour proposer aux officines des modèles en textile de haute technicité (voir page 2), trouver des masques grand public performants est loin d'être une sinécure. Président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), Laurent Filoche a lui aussi vécu une expérience douloureuse ces derniers jours. Un camion qui transportait 500 000 masques grand public, commandés par l'UDGPO et plusieurs collectivités territoriales, a en effet été braqué en Espagne. Au-delà de ce fâcheux incident, Laurent Filoche a pu constater ces dernières semaines à quel point l'approvisionnement en masques grand public était compliqué. « C'est en effet un très gros problème. La production nationale est bien trop faible par rapport à la demande, d'autant plus que beaucoup de commandes ont été préemptées par les collectivités locales. Toute la chaîne logistique est impactée, les centrales d'achat sont prises d'assaut, les transporteurs ont des difficultés pour livrer, les douanes sont tatillonnes… Surtout, les délais de livraison pour ces modèles sont aberrants, on rencontre aujourd'hui bien moins de difficultés pour obtenir des masques chirurgicaux », observe-t-il.
« Où en sera la demande dans un ou deux mois ? »
Alors que leur vente en officine est autorisée depuis le 26 avril, Laurent Filoche n'a reçu, près de 3 semaines plus tard, que la moitié des masques grand public qu'il espérait avoir. Le président de l'UDGPO qui s'est récemment entretenu sur la question des masques grand public avec la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, estime que la situation ne sera pas normalisée « avant la première quinzaine de juin », au mieux. En attendant, leur commande pour les pharmacies s'avère risquée car il est « difficile d'anticiper quelle sera la demande dans un ou deux mois, souligne-t-il. Sur ces masques grand public, on constate qu'il y a un vrai problème au niveau de la respirabilité, les gens arriveront-ils à les supporter longtemps lorsque les températures vont s'élever ? On observe aussi que certains modèles prévus pour 15 ou 20 lavages se dégradent en fait beaucoup plus rapidement. Les élastiques se coincent dans les tambours, certains sont très vite détruits… Une personne qui investit 4 ou 5 euros pour un masque réutilisable et qui vit ce type d'expérience sera logiquement déçue et n'ira peut-être pas en racheter d'autres ». La qualité plus que médiocre de certains modèles a d'ailleurs poussé Laurent Filoche à ne commander que les modèles les plus performants, ceux de type 1. « Je refuse catégoriquement de vendre les types 2, d'ailleurs 90 % de la demande se porte aujourd'hui sur ceux de catégorie 1 » Pour le président de l'UDGPO, un constat clair se dégage aujourd'hui : mieux vaut se concentrer sur les masques chirurgicaux, désormais plus simple à obtenir et surtout bien plus intéressants du point de vue sanitaire.
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