Dans son avis dévoilé ce soir, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de limiter l’utilisation du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca aux moins de 65 ans, et de le prioriser aux 50-65 ans avec comorbidités ainsi qu’à tous les soignants, en ville comme à l’hôpital. Elle préconise aussi une extension des compétences vaccinales des pharmaciens et des sages-femmes.
La HAS s’est réjouie à son tour de l’arrivée d’un 3e vaccin contre le Covid-19 pour compléter l’arsenal existant, aux performances qu’elle juge très satisfaisantes. « L’efficacité varie entre 62 et 70 % sur les formes symptomatiques de Covid-19, selon les essais cliniques », note la présidente, Dominique Le Guludec. L’ombre au tableau, déjà relevée par l’Agence européenne du médicament (EMA) et certains pays comme l’Allemagne ou l’Italie : le manque de données disponibles pour les personnes de plus de 65 ans, ne permettant pas de calculer le taux d’efficacité du vaccin dans cette population. C’est pourquoi la HAS recommande de réserver le vaccin aux moins de 65 ans. Mais, précise-t-elle, les résultats d’une étude américaine incluant un grand nombre de personnes âgées sont attendus d’ici une quinzaine de jours et sont susceptibles de faire évoluer son avis.
Suivant la priorisation vaccinale mise en place, elle recommande l’utilisation de ce vaccin en premier lieu chez les 50-65 ans à risque de forme grave de Covid. D’autant que, « les études ont inclus une proportion importante de personnes présentant des comorbidités, et l’efficacité du vaccin dans cette population est d’environ 73 % », souligne Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccins (CTV). Suivra dans un 2e temps la vaccination des 50-65 ans sans comorbidité, soit une population totale de 13 millions de personnes. L’autorité sanitaire recommande également l’administration de ce vaccin chez tous les professionnels de santé, du social et du médico-social, quel que soit leur lieu d’exercice et quel que soit leur âge, soit environ 4 millions de personnes. Car, rappelle Dominique Le Guludec, au vu du contexte épidémique, « nous avons besoin d’eux en première ligne ».
Saisie de la question par le ministère de la Santé, la HAS recommande, « en complément des acteurs habituels de la vaccination que sont les médecins et les infirmiers », d’autoriser les sages-femmes et les pharmaciens d’officine déjà̀ formés à la vaccination à « prescrire et réaliser la vaccination avec le vaccin AstraZeneca », précise Élisabeth Bouvet. Le but : simplifier l’accès à la vaccination en permettant sa réalisation « à proximité des lieux de vie ou de soins habituels de la population ciblée ». Une simplification envisageable parce que ce vaccin présente peu de contrainte logistique (conservation entre 2 et 8 °C) et présente un excellent profil de tolérance. À noter que les femmes enceintes ne font pas partie des publics à vacciner car il n'existe pas de données disponibles sur l'utilisation du vaccin dans cette population. Mais, indique la HAS, « en cas de facteur de risque important, la vaccination peut faire l'objet d'une décision partagée entre le médecin et sa patiente ».
Face à de rares cas d’allergie observés lors des essais, l’instance conseille de mettre en place une surveillance de 15 minutes après l’injection, qui se fait par voie intramusculaire. Par ailleurs, elle préconise un espacement des deux doses vaccinales nécessaires compris entre 9 et 12 semaines, « car nous observons dans les essais cliniques que l’efficacité est clairement augmentée chez les personnes ayant reçu les deux doses selon ce schéma vaccinal », explique Daniel Floret, vice-président de la CTV.
Reste à savoir si le gouvernement suivra partiellement ou totalement l'avis de la HAS. Concernant la vaccination par les pharmaciens, la décision semble déjà prise. Hier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a confirmé que « les pharmaciens vont être mobilisés, ils vont pouvoir vacciner (...) parce qu’on a besoin d’eux », tout en saluant un maillage officinal « extrêmement dense ».
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