Invité des 11es Rencontres de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), Alain-Michel Ceretti annonce sans ambages qu’il préfère que l’équilibre des pharmacies soit assuré « par des missions nouvelles en santé qui leur sont payées plutôt qu’en vendant des cosmétiques ». À la tête de France Assos Santé, c’est-à-dire « l’Union des associations agréées du système de santé (ex-CISS) créée par la loi de 2016 », il ne rentre pas dans une officine « pour acheter du shampooing, une brosse à dents ou une savonnette, même si c’est ce que je trouve en tête de gondole, mais pour obtenir le médicament dont j’ai besoin, avec ou sans ordonnance ».
Fondateur de l'association Le Lien (Lutte information études des infections nosocomiales) il voit d’ailleurs le pharmacien comme bien plus que l’expert du médicament. « J’attends de lui un acte technique accompagné du conseil nécessaire, et disposant d’outils comme le dossier pharmaceutique (DP). Avec la désertification médicale à la campagne, la pharmacie devient le dernier espace de santé du village, voire du canton. À défaut de lui faciliter la vie, l’absence de prescripteur renforce son rôle de professionnel de santé. » Cependant, Alain-Michel Ceretti craint pour la survie des officines dans ces conditions. Prenant l’exemple de sa commune du Loir-et-Cher, il note que le dernier médecin est âgé de 73 ans et va prendre sa retraite d’ici à deux ans. « La pharmacie, qui sera le dernier lieu de santé de la commune, résistera-t-elle ? Si elle disparaît, la prochaine structure de santé la plus proche est à 20 km. L’hôpital le plus proche est celui de Romorantin qui va certainement devenir un hôpital de proximité et donc perdre sa vocation généraliste, ce qui suppose de dépendre d’hôpitaux bien plus éloignés pour accéder aux plateaux techniques… alors que nous vivons un bug sur la question des transports VSL », déplore Alain-Michel Ceretti.
Bouleversement
La proximité et l’accessibilité du pharmacien sont donc des atouts plébiscités par France Assos Santé. « Nous sommes dans un paradoxe extraordinaire : la population vieillit et vieillit plus longtemps ; en parallèle les structures de soins de proximité disparaissent. » D’où son attachement aux pharmaciens, derniers piliers des soins de premier recours harmonieusement répartis sur le territoire. Il ne cache pas compter sur eux demain pour « libérer du temps médical, vacciner, s’investir dans les communautés professionnelles de territoires (CPTS) », et ainsi contribuer fortement à « un bouleversement formidable, peut-être pas à Paris, mais dans des départements comme le Loir-et-Cher ». Il compte d’autant plus sur la réussite des projets d’exercice coordonné qu’il est persuadé que « s’il n’y a plus de médecin, demain ce sera au tour de la pharmacie de disparaître ». Selon lui, les Français assimilent la pharmacie à l’ensemble hôpital-service public puisqu’ils ne paient plus le pharmacien lorsque les médicaments sont remboursés. « J’ai découvert il y a 21 ans lorsque je suis entré dans le monde de la santé qu’une pharmacie sur deux était en difficulté financière. On oublie que ce sont des entreprises qui doivent équilibrer leurs comptes, payer leurs salariés et leurs charges. À défaut, elles mettent la clé sous la porte. »
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