Présenté comme un traitement révolutionnaire des troubles vasomoteurs de la ménopause car « sans hormone », l’élinzanetant fait la Une de la presse ces jours-ci. Pourtant, il a encore quelques étapes à passer avant d’arriver à l’officine.
Toute la presse en parle. L’élinzanetant est un antagoniste sélectif des récepteurs des neurokinines 1 et 3 (NK-1 et 3) développé par Bayer dans le traitement des symptômes vasomoteurs (VMS) modérés à sévères associés à la ménopause. Il bloque la liaison de la neurokinine B et de la substance P, dont la production est en hausse pendant et après la ménopause, à leur récepteur respectif NK-1 et NK-3 situés sur les neurones hypothalamiques kisspeptine/neurokinine/dynorphine (KNDy) qui jouent un rôle dans la thermorégulation et peuvent déclencher des symptômes vasomoteurs. Avantage : l’élinzanetant est un traitement non hormonal pouvant constituer une alternative en cas de contre-indication ou de refus du traitement hormonal de la ménopause, d’où l’engouement des médias.
Mais pour l’heure, il vient seulement de passer l’étape des études de phase III dont les résultats ont été publiés dans « The Journal of the American Medical Association (JAMA) » le 22 août. « L'élinzanetant a atteint ses objectifs clés montrant une réduction statistiquement significative de la fréquence des VMS dès la semaine 1 ainsi que des améliorations statistiquement significatives des troubles du sommeil et de la qualité de vie liée à la ménopause », s’est réjoui Bayer dans un communiqué le même jour.
Dans deux essais randomisés en double aveugle (« OASIS 1 » et « OASIS 2 ») menés sur différents sites en Amérique du Nord, en Europe et en Israël entre août 2021 et novembre 2023 d’une part, et octobre 2021 à octobre 2023 d’autre part, près de 800 femmes ménopausées naturellement ou chirurgicalement âgées de 40 à 65 ans présentant des symptômes vasomoteurs modérés à sévères ont reçu, une fois par jour, 120 mg d’élinzanetant par voie orale ou un placebo pendant 12 semaines, puis 120 mg d’élinzanetant par voie orale pendant 14 semaines.
Réduction d’au moins 50 % des troubles vasomoteurs
Après 4 semaines de traitement, 62,8 % (« OASIS 1 ») et 62,2 % (« OASIS 2 ») des participantes du groupe élinzanetant ont déclaré une réduction d'au moins 50 % de la fréquence des VMS contre respectivement 29,2 % et 32,3 % dans le groupe placebo. L’action s’est même montrée rapide car une amélioration a été constatée dès la première semaine de traitement. Après 12 semaines, le nombre de participantes du groupe élinzanetant ayant déclaré une réduction d'au moins 50 % de leurs troubles est passé à 71,4 % et 74,7 %, contre 42,0 % et 48,3 % dans le groupe placebo. Dans la première étude (« OASIS 1 »), la fréquence des VMS a été réduite de 55,9 % (contre 31,4 % pour le placebo) après 4 semaines et de 65,2 % (contre 42,2 % pour le placebo) après 12 semaines. Dans la seconde étude (« OASIS 2 »), les résultats étaient similaires avec une réduction de 57,9 % à la semaine 4 et de 67,0 % à la semaine 12, contre 35,7 % et 45,9 % respectivement dans le groupe placebo. Les participantes du groupe élinzanetant ont également signalé des améliorations des troubles du sommeil (critère d’évaluation secondaire). Les céphalées et la fatigue sont survenues plus fréquemment dans les groupes élinzanetant, mais leur intensité était légère.
Bayer a annoncé le 1er août avoir soumis une demande d’AMM à la Food and drug administration (FDA) américaine pour élinzanetant dans le traitement des symptômes vasomoteurs modérés à sévères associés à la ménopause. Pour la France, il faudra attendre encore un peu, et sûrement un peu plus qu’un an, comme les médias français l’espèrent. Le laboratoire n’a pas encore annoncé de dépôt de demande d’AMM en Europe, puis il faudra que l’élinzanetant passe les différents filtres de la Haute Autorité de santé (HAS), de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), du Comité économique des produits de santé (CEPS)…
Pour mémoire, un autre antagoniste non hormonal sélectif du récepteur de la neurokinine 3 (NK3) vient tout juste d’être autorisé, depuis décembre 2023, en Europe : le fézolinetant (nom commercial : Veoza). Il n’est pas encore commercialisé en France.
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