C’est non sans fierté que le Pr Mustafa Mijiyawa, le ministre de la Santé togolais, présente les mesures mises en place dans son pays pour lutter efficacement contre le Covid-19. Bien que quelques centaines de cas soient déclarées chaque mois courant 2020, le Togo, comme le reste du continent africain, reste relativement épargné jusqu’à la fin de l’année. Mais en décembre-janvier, l’épidémie flambe.
L’État n’a heureusement pas attendu pour se mettre en ordre de marche : l’état d’urgence sanitaire est décrété en avril 2020, la réhabilitation des infrastructures sanitaires est lancée en urgence et les décisions socio-économiques « pour amortir le choc » se multiplient. Fermeture des frontières, isolement des personnes rentrant de pays à risque, interdiction des rassemblements, couvre-feu, mesures barrières, mise en place d’une « force spéciale anti-pandémie » surveillant l’application des mesures… Et mise en place de programmes pour les plus démunis : soutien des citoyens ayant perdu leur revenu en raison des mesures anti-Covid, gratuité de l’eau et de l’électricité pendant l’état d’urgence sanitaire, facilité de crédits aux entreprises pour préserver les emplois…
Améliorer l’offre de soins
Bénéficiant de l’initiative COVAX, le Togo a aussi acheté des vaccins anti-Covid sur ses fonds propres et a ainsi reçu un total de 276 000 doses d’AstraZeneca. « Nous avons débuté la campagne le 10 mars dernier en commençant par vacciner les professionnels de santé, puis les plus de 50 ans, dans la région la plus touchée, le Grand Lomé, puis les moins de 50 ans avec comorbidités, avant d’élargir aux plus de 30 ans de toutes les régions. Nous avons épuisé les doses à disposition en à peine 8 semaines, vacciné 95 % du personnel de santé et 102 % de personnes… Cela veut dire que nous avons parfois réussi à tirer une 11e dose des flacons de 10 doses », se félicite le ministre de la Santé. Et depuis le 19 mai, les 2e injections ont commencé grâce à l’arrivée de 140 000 nouvelles doses via COVAX. « Nous avons mis en place un système de pharmacovigilance spécifique et les effets secondaires enregistrés sont tous mineurs et réversibles », ajoute le Pr Mijiyawa.
Les vaccins ont été mis à disposition dans des centres de santé, mais aussi auprès d’équipes mobiles et dans des postes de santé avancés, « pour assurer une équité d’accès ». « Du fait du profil des maladies que nous connaissons, nous avons un système de vaccination efficace qu’il a suffi d’adapter à la pandémie. » Une plateforme numérique a également été mise en place pour enregistrer les personnes vaccinées. « Nous avons connu quelques difficultés au démarrage de la plateforme. Aujourd’hui, 70 % des personnes vaccinées ont bien été enregistrées », précise le Pr Mijiyawa.
Cette réussite n’amène pas le Togo à « se reposer sur ses lauriers », le ministre de la Santé veut continuer le combat et surtout renforcer le système de santé pour améliorer l’offre de soins. Et ainsi combattre le phénomène des « marchands d’illusion » qui vendent des faux tests, des faux vaccins et des faux médicaments.
* Intervention lors d’une table ronde organisée par le LEEM, le 20 mai, dans le cadre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
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