Difficile de ne pas s’incliner face au bilan chiffré des trois ans de pandémie livré par Arnaud Fontanet et « l’orage parfait » représenté par le SARS-CoV-2. Ce virus à couronne, ou coronavirus, présentait dès son arrivée toutes les caractéristiques pour se répandre largement, « avec une létalité importante puisque l’excès de mortalité est estimé à 20 millions de personnes dont plus de 150 000 en France, à quoi s’ajoutent les séquelles de la réanimation, les séquelles du Covid lui-même et du Covid long en particulier, et l’impact des mesures de contrôle de l’épidémie sur la santé mentale des populations et sur l’éducation ». Un excès de mortalité qui n’a épargné aucun pays mais en a touché certains beaucoup plus que d’autres.
« On a tous en tête comment l’Afrique du Sud, le Mexique, le Pérou, le Brésil, les États-Unis ou l’Inde ont pu être touchés, on réalise moins à quel point les conséquences ont été lourdes pour la Russie et l’Europe de l’Est », souligne le responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur. À ses yeux, il ne fait aucun doute que la faible vaccination dans les pays d’Europe de l’Est est en cause, ce qui doit appeler l’ensemble des Européens à réfléchir à l’équilibre de l’accès aux vaccins entre Europe de l’Est et de l’Ouest autant qu’à leur répartition à l’échelle mondiale. « Un article dans "Nature Human Behaviour" expose l’espérance de vie dans le monde depuis 1900 et l’impact du Covid-19 est évident. Pour la France, il faut remonter à la Seconde guerre mondiale pour trouver un tel impact, ce qui prouve qu’on est bien face à un événement exceptionnel qui pondère le jugement selon lequel les personnes décédées du Covid seraient de toute façon décédées dans les deux ou trois ans, je conteste cette affirmation. »
Co-infections et recombinaisons
Quant aux séquelles post-Covid, « c’est un sujet dont on n’a pas encore pris toute la dimension », note Arnaud Fontanet. Il existe néanmoins quelques études fouillées, telles que celle menée par Ziyad Al-Aly et son équipe sur 87 000 vétérans américains ayant été infectés et un groupe témoin de 5 millions de personnes, parue en avril 2021. « Le but était d’évaluer le risque de complications un à six mois après une infection aiguë survenue entre mars 2020 et janvier 2021. Résultats : dans les formes mineures de Covid, le risque est augmenté de 20-30 % pour les pathologies cardiovasculaires telles que l’infarctus du myocarde, idem pour l’augmentation du risque thromboembolique, ainsi que pour le risque neurologique, notamment le risque d’AVC. C’est très important au regard du nombre de personnes qui ont été infectées. »
Ce risque est très largement augmenté lorsque les patients ont été atteints d’un Covid nécessitant une hospitalisation, voir une admission en soins intensifs. « Cette fois on enregistre 300 à 500 % d’augmentation des risques. C’est absolument majeur, on va en voir les conséquences dans les années qui viennent », prévient l’épidémiologiste. Toutefois, les mêmes chercheurs ont publié une autre étude en mai dernier qui démontre que l’augmentation des risques est moindre chez les personnes vaccinées. « Une comparaison avec des personnes hospitalisées pour grippe prouve que les excès observés sont bien spécifiques au Covid. »
L’ensemble de ces données confirme que le SARS-CoV-2 mérite sa couronne. Il pourrait pourtant ne pas être le seul à candidat au trône. « Un virus très proche du SARS-CoV-2 a été identifié chez une chauve-souris du Laos. Non seulement les chercheurs ont trouvé une bonne dizaine de bêtacoronavirus chez le rhinolophe qui pourraient potentiellement infecter l’homme, mais ils constatent aussi beaucoup de co-infections, ce qui ouvre la possibilité aux recombinaisons… La menace est donc intacte », craint Arnaud Fontanet. D’autant que le problème des marchés d’animaux vivants n’est pas réglé, dans lesquels on croise un grand nombre de mustélidés en capacité d’être les hôtes intermédiaires de ces coronavirus : chien viverrin, blaireau, furet, civette, vison… « Fermer ces marchés est difficile pour la Chine car ce serait implicitement reconnaître qu’ils sont à l’origine de la pandémie », explique Arnaud Fontanet. À cette menace des coronavirus s’ajoute celle des virus grippaux qui ont toujours constitué la première menace pandémique aux yeux des scientifiques. Pour l’épidémiologiste, aucun doute : « La prochaine pandémie est inéluctable ».
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