Après un très mauvais mois d’avril, l’officine enregistre un tout aussi mauvais mois de mai, déplore Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS, qui ne s’attendait pas à de tels chiffres en sortie de confinement. La deuxième semaine de juin suggère néanmoins un retour à la vie d’avant Covid-19, ce qui reste à confirmer car elle bénéficie d’un jour ouvré de plus qu’en 2019.
Ainsi, en mai, le médicament remboursable recule de 12,2 % par rapport à mai 2019 et le non remboursable de 25,7 %. En observant l’évolution du chiffre d’affaires de l’officine selon trois périodes – avant (du 1er janvier au 15 mars), pendant (du 16 mars au 10 mai) et après confinement (du 11 mai au 14 juin) – il est difficile de se réjouir. Les ventes de médicaments gagnent 3 % en période 1, chutent de 7 % ensuite et se stabilisent à -3 % après confinement. Les médicaments prescrits en ville sont les moins bien lotis : -2 %, -11 % et -4 %. Les médicaments conseil ne s’en sortent pas beaucoup mieux : +7 %, -5 %, -4 %. La prescription hospitalière croît de 9 % avant le confinement, revient à 0 % en période 2 et baisse de 1 % après déconfinement. Les médicaments du répertoire des génériques sont « logés à la même enseigne » avec, en mai, un recul en valeur de 7,3 % pour les génériques et de 30,2 % pour les médicaments d’origine.
La semaine 24 (8 au 14 juin) laisse entrevoir une éclaircie pour le chiffre d’affaires de l’officine issu de la prescription de ville (+5 %) et hospitalière (+8 %), mais pas du médicament conseil (-2 %), malgré une belle progression (16 % en semaine 23). Globalement le médicament d’automédication (non remboursable et remboursable non présenté au remboursement) est en récession. Les ventes chutent au mois de mai de 17,6 % en valeur et de 18,7 % en volume. Sur les cinq premiers mois de 2020, le recul est de 4,2 % en chiffres d’affaires et de 1,1 % en unités. Enfin, en cumul mobile annuel (mai 2019-mai 2020), le chiffre d’affaires de l’automédication baisse de 3,9 % et les unités vendues de 2,1 %.
Le rôle de l'implantation
Le marché du selfcare, habituellement tonique, peine lui aussi à retrouver son dynamisme. Après le pic enregistré la première semaine de confinement, il est en recul depuis le 23 mars avec une moyenne à -6 % jusqu’au 10 mai, puis à -9 % entre le 11 mai et le 14 juin. Quant à la dermocosmétique, le secteur est porté quasiment par les seuls gels et solutions hydroalcooliques (SHA). En volume, ce marché augmente de 31 % entre le 3 février et le 15 mars ; de 12 % pendant le confinement ; de 10 % jusqu’au 14 juin. Mais si on retire les SHA de ce marché, la dermocosmétique croît de 9 % jusqu’au 15 mars, puis chute de 12 % pendant le confinement et de 11 % par la suite. En valeur, le marché, même avec les SHA, est en recul depuis le 16 mars, en lien avec l’encadrement des prix intervenu le 5 mars.
En parallèle, les données du trafic officinal expliquent ces maigres résultats, avec une involution toujours présente sur l’ensemble du territoire, particulièrement marquée pour la Bretagne, l’Île de France et la Corse (entre -10 % et -16 %). Les Hauts-de-France, le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire s’en sortent le moins mal (entre -1 et -4 %). Les grosses officines sont toujours les plus touchées. Pour les deux premières semaines de juin, le trafic chute de 21 % pour les officines de plus de 7 millions d’euros et de 15 % pour celles dont le chiffre d’affaires se situe entre 4,5 millions et 7 millions. Avec un chiffre d’affaires inférieur à 2,3 millions d’euros, le recul du trafic est de 9 %. L’implantation joue également un rôle : la baisse de trafic est de 13 % pour les pharmacies de centres commerciaux contre 7 % en milieu rural.
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