Le marché officinal se polarise de plus en plus entre, d’un côté, les officines au chiffre d’affaires important et de l’autre côté, les petites officines d’une activité inférieure à 1,2 million d’euros. L’étude Interfimo « prix de cession des officines 2021 »* présentée en partenariat avec OCP a une nouvelle fois pointé ce phénomène qui tend à s’accroître au fil des ans.
Mais, bonne nouvelle cette année, comme l’expose Francis Brune, responsable de l'ingénierie financière et patrimoniale chez Interfimo. La loi de finances pour 2022 recèle un dispositif qui peut se révéler intéressant pour les petites officines. Ces structures qui se répartissent de manière quasi équitable entre les officines de centre-ville, le milieu rural et les quartiers, comme le note l’étude Interfimo, se sont cédées en 2021 à 60 % de leur chiffre d’affaires, contre une moyenne de 78 % du chiffre d’affaires pour le marché global. Ramené en multiple de l’EBE, ce prix de vente, qui a retrouvé le niveau de 2019, équivaut à 5,2 fois l’EBE, contre un multiplicateur de 6,3 sur le marché global.
Un relèvement des seuils
Pour les propriétaires de ces petites structures, essentiellement convoitées pour une première installation ou des opérations de regroupement, la loi de finances réserve en effet un cadeau fiscal. En effet, la fiscalité du cédant prévoyait jusqu’à présent des seuils de 250 000 euros à 500 000 euros pour une exonération totale ou partielle dans le cadre d’une cession à titre onéreux ou sous forme de don. « Autant dire, souligne Francis Brune, que ce dispositif était peu utilisé sur le marché de la pharmacie. » Et pour cause, aucun cédant ne pouvait jusqu'alors en bénéficier, un prix de vente à 500 000 euros n'étant pratiquement jamais appliqué à une officine.
Toutefois, le relèvement significatif des seuils dans le sillage de la loi de finances 2022 pourrait changer la donne. « L’exonération est totale si le prix de vente n’atteint pas 500 000 euros et partielle s’il est inférieur à 1 million d’euros », annonce Francis Brune. Il prédit que des situations en lien avec ce dispositif ont de fortes chances désormais d’émerger sur le marché des transactions officinales.
Autre astuce exposée par le fiscaliste. Et qui aura peut-être un impact sur le prix des petites officines à l’avenir ; il est à rappeler que le coût de la fiscalité en cas de vente équivaut à 30 % du prix de vente. Il s’agit du montant du prélèvement forfaitaire unique. Or le titulaire cédant son officine à l’heure de la retraite va pouvoir bénéficier d’une exonération sans seuil de la part de l’impôt sur le revenu (IR) de la plus-value professionnelle. « Par conséquent, sur ces 30 %, on va exonérer 12,8 % », explique Francis Brune.
Ce nouveau cadre fiscal 2022 est particulièrement favorable aux petites structures exploitées à l’IR. Reste à savoir s’il incitera encore davantage leurs titulaires à passer la main. En 2022, les cessions de petites officines représentaient 24 % des transactions, contre 20 % un an auparavant.
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