C’est l’épilogue d’une affaire datant de 2011. Pour leur implication dans la commercialisation d’un anticancéreux périmé, le thiotépa, les deux anciens dirigeants du distributeur Genopharm ont été condamnés hier par le tribunal correctionnel de Paris à 6 et 12 mois de prison avec sursis.
Utilisé depuis les années 1960 dans les cancers de la vessie, de l’ovaire et du sein, ainsi que dans certains cancers pédiatriques, le thiotépa était distribué depuis le début des années 2000 par le Laboratoire Genopharm. Mais, en 2011, son fabricant, le groupe allemand Riemser, avait notifié aux autorités sanitaires que des flacons périmés circulaient sur le marché. Ce sont ainsi 96 829 flacons non conformes qui ont été distribués, principalement en France, entre février 2007 et septembre 2011. L’agence française du médicament (à l’époque l’AFSSAPS devenue depuis l’ANSM) avait mené des analyses révélant que le médicament était sous-dosé, mais aucun expert n’a pu lier une évolution négative d’un cancer à l’usage de flacons périmés. L’enquête a également dévoilé que le thiotépa était livré « en vrac » par Riemser au Laboratoire Alkopharma en Suisse, qui se chargeait ensuite du conditionnement et de l’étiquetage du produit avant de le livrer à sa maison mère, Genopharm.
Après l'audience de juin dernier, le tribunal correctionnel de Paris a condamné hier les deux anciens dirigeants de Genopharm. Ils étaient poursuivis pour non-respect des bonnes pratiques de fabrication, commercialisation sans autorisation de mise sur le marché et tromperie sur la quantité en principe actif d'une marchandise. Alain Bouaziz, 67 ans, écope de 12 mois de prison avec sursis et d’une amende de 30 000 euros. Son neveu, Valéry Monin, 57 ans, est condamné à 6 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. Ils sont tous deux interdits d’exercice dans le secteur pharmaceutique pendant 5 ans. Ils devront, en outre, verser 10 000 euros d’indemnisation à l’Ordre des pharmaciens (partie civile), et 37 000 euros à la famille d’un jeune patient, victime notamment d’un préjudice d’angoisse. Le tribunal a toutefois rejeté la demande de constitution de partie civile du Laboratoire Riemser. Selon leurs avocats, Alain Bouaziz a l’intention de faire appel, Valéry Monin n’a pas encore pris de décision.
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