Dans le volet pénal du dossier du Lévothyrox, l’information judiciaire ouverte pour « blessures involontaires » par le parquet de Marseille a été étendue à « homicide involontaire », à la suite de l’intervention de l’avocat des familles de deux patientes décédées.
Ouverte contre X le 2 mars 2018 par le parquet de Marseille, l’information judiciaire pour « blessures involontaires » a été élargie à « homicide involontaire ». Le Laboratoire Merck a immédiatement communiqué à la suite de cette annonce et a précisé par la voix de son avocat qu'il s'agit « d'une étape judiciaire normale de la procédure, dès lors que des plaintes invoquent ce motif. Aucune conclusion ne peut être tirée de ce réquisitoire supplétif ».
Cette décision du parquet fait suite à la demande de l’avocat des victimes, Me Christophe Lèguevaques, d’ouvrir une information judiciaire pour « homicide involontaire », en raison du décès de deux jeunes femmes. L’avocat de Merck, Me Mario-Pierre Stasi, a pour sa part souligné que le laboratoire « coopérera pleinement avec le juge d’instruction et le parquet afin de démontrer qu’aucune infraction n’est caractérisée ». Il se déclare « confiant dans la démonstration qui pourra être faite à terme d’absence d’infraction commise par Merck ». Le laboratoire rappelle par ailleurs que « les conclusions des rapports de pharmacovigilance publiés en 2018 indiquent clairement qu’il n’y a pas de lien établi entre les cas signalés de décès dans la base de données de pharmacovigilance et la nouvelle formule du Lévothyrox ».
Dans un communiqué, Me Lèguevaques fait référence aux décès de deux patientes sous Lévothyrox. L’un survenu en août 2017 concernait une femme de 48 ans de Montpellier « qui ne supportait pas la nouvelle formule ». La seconde patiente décédée était une trentenaire de la vallée du Rhône, mère de deux petits garçons. « Dans ces deux cas, des autopsies ont eu lieu. Il n’a pas été découvert des facteurs de comorbidité ou la prise d’autres médicaments », affirme l’avocat. Précisant qu’il a fallu attendre plus de six mois pour que le parquet de Marseille décide de compléter l’enquête confiée au juge d’instruction, il qualifie le réquisitoire supplétif « d'étape décisive. Pour les familles, il s’agit de la reconnaissance de leur deuil. Pour les autorités, c’est un signal fort : nous sommes bien face à une crise sanitaire majeure et toute la lumière doit être faite sur les comportements des uns et des autres ou la complaisance de certains à l’ANSM qui ont laissé commercialiser un produit dont la dangerosité était scientifiquement connue ».
L’avocat représente plusieurs dizaines de parties civiles dans le cadre du dossier pénal, en plus des 4 115 requérants dans le dossier pour défaut d’information plaidé le 3 décembre 2018 et dont le jugement est attendu le 5 mars 2019.
Avec l'AFP.
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