En septembre 2014, tous les lots de Meningitec présents sur le marché européen sont rappelés. À l’origine de ce rappel : la présence de particules décelées dans un nombre limité de seringues de certains lots. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) se veut alors rassurante : « en l’état actuel des investigations, la présence de ces particules n’affecte pas la stérilité du produit ni l’efficacité du vaccin », indique-t-elle, en précisant que le rappel de lot a été réalisé à titre de précaution. En effet, « la présence de particules pourrait induire localement des réactions (rougeurs ou gonflement au site d’injection), voire des effets généraux (fièvre) », poursuit l’ANSM. Au total, en septembre 2014, 21 lots de ce vaccin ont été retirés du marché à titre de précaution. Et depuis décembre 2014, la production en Suisse du Meningitec a été stoppée.
240 plaintes
Ce retrait de lots suivi d’un arrêt de la production de Meningitec a eu de lourdes conséquences. Dont certaines assez surprenantes.
Notamment, la réaction des parents d’enfants vaccinés par le Meningitec a été très violente. En effet, 240 familles ont assigné en justice le Laboratoire CSP, distributeur français du Meningitec. Une première audience a eu lieu le mardi 22 septembre dernier, au tribunal de Clermont-Ferrand. Les familles venues de toute la France reprochent au Laboratoire CSP d’avoir acheminé des seringues de Meningitec défectueuses, contenant des résidus de métaux lourds. Selon les parents, leurs enfants souffriraient depuis la vaccination de symptômes persistants (diarrhées, nausées, irritabilité, poussées de fièvre, trouble du sommeil, éruption cutanée…).
Me Emmanuel Ludot, avocat réputé spécialiste du vice de forme, qui défend fréquemment des victimes d’erreur médicale, représente 80 de ces familles. Dans cette affaire, il dénonce un scandale sanitaire. « Il y a d’abord le problème de la vente de ce vaccin : les pharmaciens ont continué à le vendre alors qu’ils étaient informés de son retrait. Il y a eu aussi des retards dans l’alerte pour des raisons économiques évidentes. Les vaccins frelatés étaient connus depuis au moins un an », plaide-t-il.
Après l’audience du 22 septembre, l’étude des plaintes des 240 familles a été renvoyée au 24 novembre devant le tribunal de Grande Instance de Clermont-Ferrand. Et la procédure, tout juste enclenchée, promet d’être longue.
Une pénurie bien gérée
Autre conséquence, plus attendue et plus directe : le retrait de Meningitec a entraîné des tensions d’approvisionnement des autres vaccins monovalents contre le méningocoque C : Menjugatekit et Neisvac. Toutefois la pénurie, qui a été anticipée par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), n’aura duré que quelques mois. En effet, dès janvier 2015, le HCSP a adapté les recommandations vaccinales afin de maîtriser la situation. Ainsi, il a été décidé de réserver les vaccins méningococciques C monovalents conjugués en priorité aux enfants de 12 mois à 4 ans. Chez les plus âgés, les vaccins tétravalents conjugués (Nimenrix et Menveo) sont utilisés comme alternative et remboursés dans cette indication.
Ces mesures ont porté leurs fruits : depuis le 27 avril 2015, les laboratoires Baxter et Novartis vaccines, qui commercialisent Neisvac et Menjugatekit, ont indiqué « être de nouveau en mesure d’approvisionner le marché français à hauteur des besoins. Les recommandations provisoires du HCSP ont donc été levées et la vaccination contre le méningocoque C a pu être reprise conformément au calendrier vaccinal », précise Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations. Par ailleurs, le MenjugateKit, qui se présente en poudre à reconstituer, vient de disparaître… Mais cette fois-ci, aucune rupture n’est attendue. Il est remplacé par une forme vaccinale plus adaptée : la seringue préremplie, qui porte le nom de Menjugate. Cette nouvelle forme est disponible en pharmacie depuis le 27 septembre 2015.
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