Après cinq mois de fermeture

La pharmacie Cridelich retrouve ses patients

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Publié le 01/12/2016
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Une nouvelle fois, c'est l'histoire d'un transfert d'officine qui n'a pas plu à tout le monde. La pharmacie Cridelich, fermée cinq mois sur décision judiciaire, vient de gagner en appel et a pu reprendre son activité.

Véronique et Patrick Cridelich sont soulagés. Après cinq mois difficiles, la pharmacie de Saintignon, à Longwy, en Lorraine, peut à nouveau délivrer des médicaments. L'histoire commence en 2015. Les locaux de leur officine ne sont pas conformes aux normes d'accès pour les personnes handicapées et leur exercice est compliqué par la petitesse des locaux. Avec 30 m2 d'espace de vente, il n'est pas envisageable d'installer un espace de confidentialité. Véronique Cridelich obtient l'autorisation d'un transfert dans un nouveau bâtiment à 300 mètres des anciens locaux, le 27 avril, de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Alsace-Champagne-Ardenne, validé par la préfecture de Meurthe-et-Moselle et par l'Ordre des pharmaciens. Après un million d'euros de travaux, la nouvelle pharmacie ouvre ses portes le 17 août 2015.

Mais avant l'ouverture, deux co-titulaires d'une pharmacie située à un peu plus d'un kilomètre des nouveaux locaux, déposent une plainte au tribunal administratif de Nancy. Avec ce transfert, les deux officines sont moins éloignées qu'auparavant et la nouvelle implantation dans une zone commerciale peu habitée et peu accessible pour les piétons les inquiète. En outre, la pharmacie de Saintignon de Véronique Cridelich jouxte une maison de santé préexistante et une seconde maison de santé créée par le couple pour accueillir médecins et infirmières. Pour Anne Grotto et Anita Boulle, la crainte d'une captation de clientèle se révèle fondée dès l'ouverture.

Soutien et pétition

Le 26 avril dernier, le tribunal administratif de Nancy a retenu l'argument de l'absence d'optimisation de la desserte et le problème d'accessibilité pour annuler l'arrêté de l'ARS autorisant le transfert. Le couple Cridelich reste dans ses locaux mais n'a plus le droit de dispenser des médicaments. Il se tourne vers la parapharmacie et le matériel médical, et doit cacher la croix et l'enseigne « pharmacie ». Forts d'un rassemblement de soutien et d'une pétition qui a recueilli 1 817 signatures, les époux Cridelich interjettent appel et demandent un référé en suspension pour pouvoir vendre des médicaments en attendant la décision en appel. L'ARS est destituée au profit du ministère de la Santé qui fait également appel.

Le 15 novembre, la cour administrative d'appel de Nancy annule la décision de la première juridiction, estimant que l'accessibilité à l'officine ne pose pas de problème, d'autant que la mairie de Longwy s'est engagée à des aménagements de sécurité supplémentaires. Depuis le 2 novembre, date de la nouvelle licence accordée par l'ARS, Véronique et Patrick Cridelich ont repris leurs activités pharmaceutiques et s'enthousiasment du retour progressif des patients. Mais aux yeux des deux consœurs, c'est la captation de clientèle qui reprend. Un recours de leur part auprès du Conseil d'État n'est pas exclu.

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3308