La toxicogénomique progresse. Cette science, qui permettrait de se passer du modèle animal dans les essais précliniques de médicaments, est agréée par le Parlement européen depuis 2007.
Une étude publiée la semaine dernière dans la revue « Nature Communications » confirme la possibilité de définir le niveau de toxicité de composés chimiques en utilisant des cellules. C’est bien la base de la toxicogénomique : étudier l’impact des substances chimiques sur les gènes humains à partir de cellules humaines cultivées en laboratoire.
L’équipe de Ruili Huang, de l’Institut national de la santé de Bethesda aux États-Unis, a ainsi testé plus de 10 000 composés chimiques tels que des pesticides, des produits chimiques industriels, des additifs alimentaires et des médicaments. Après comparaison avec de précédents tests sur animaux ou à des expositions à l’humain, les résultats correspondent.
Toxicité non détectée chez l’animal
Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui d’utiliser cette alternative aux tests sur animaux ? La loi. Actuellement, des essais précliniques peuvent être réalisés in vitro, mais ils doivent obligatoirement inclure des essais sur au moins deux espèces de mammifères, dont un non rongeur. Le plus souvent, les essais précliniques sont donc menés sur des souris ou des rats et des chiens ou des singes.
André Menache, directeur de l’association de défense animale Antidote Europe, créée par des chercheurs du CNRS, le regrette : « Cela n’a aucun sens scientifique, la toxicogénomique est tout à fait performante, c’est la toxicologie moderne. » Selon lui, le défi ne relève ni de la science, ni de la technologie, mais de la politique.
Sur ce point, les associations de protection animale L214 et PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) le rejoignent : « Seuls l’inertie, le conservatisme, la bureaucratie et l’argent maintiennent, confinés dans de petites cages de laboratoires, des animaux effrayés et misérables. »
En Europe, 11,5 millions d’animaux sont utilisés chaque année pour des expérimentations (environ 2 millions en France), dont 11 % d’entre eux sont dédiés aux tests de toxicologie. Or, selon les National Institutes of Health (États-Unis), 30 % des médicaments ayant passé avec succès la phase préclinique échouent en phase I en raison de toxicité non détectée chez l’animal.
Le récent essai clinique dramatique de Rennes (Bretagne) qui s’est soldé par le décès d’un volontaire sain, pourrait bien, au terme des enquêtes en cours, faire partie de ces 30 %.
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