Définitions
Une ordonnance volée est issue d’un ordonnancier d’un médecin généraliste ou spécialiste, mais rédigée par l’usager à la place du prescripteur autorisé. Il s’agit donc de l’établissement d’un faux, rentrant ainsi dans la catégorie des ordonnances falsifiées. Les ordonnances falsifiées peuvent être aussi photocopiées, scannées à partir d’une ordonnance originale ou bien fabriquées par ordinateur. Sont également définies les ordonnances détournées, correspondant à une ordonnance authentique et rédigée par un prescripteur habilité, mais modifiée secondairement par le patient. Tous ces types d’ordonnances falsifiées ou suspectes ont un seul but : mimer une ordonnance originale afin d’obtenir des médicaments à prescription obligatoire.
Critères de détection
Lorsqu’un médecin suspecte un vol d’ordonnancier, il lui est recommandé de faire une déclaration aux autorités de police et d’envoyer le procès-verbal au Conseil département de l’Ordre des médecins dont il dépend. Cette démarche reste obligatoire pour les blocs d’ordonnances sécurisées. L’alerte est ensuite transmise aux pharmaciens par courrier, message électronique ou bien diffusées par les grossistes-répartiteurs. Le médecin victime du vol peut également contacter directement les pharmacies à proximité du cabinet. Autre canal d’information : la rubrique « Au voleur » du « Quotidien du pharmacien », existant depuis trente ans, qui signale les vols d’ordonnances, de carte ou encore de tampon professionnels.
En cas de présentation d’une ordonnance suspecte, quelques repères mettent en évidence la falsification : une modification de date, une écriture et une signature différentes du rédacteur habituel, une prescription non conforme avec des posologies et des durées de traitement inadéquates, des dosages trop élevés, une absence de mentions nécessaires ou un chevauchement. Sans oublier des fautes d’orthographe sur les noms des produits et l’ajout de médicaments… Les ordonnances fabriquées sont détectées grâce à des en-têtes inhabituels et l’identification non conforme du prescripteur. Le comportement de l’usager peut également réveiller les soupçons : absence de carte Vitale personnelle ou emprunt de celle d’un membre de la famille ou d’un ami et règlement en espèces afin de conserver l’anonymat.
Il est en général plus fréquent de rencontrer de jeunes hommes, plutôt citadins, présentant de fausses ordonnances, même sécurisées, tandis que les ordonnances modifiées (ajout de prescription ou changement de quantités) se retrouvent davantage avec des femmes plus âgées pour des antidépresseurs, des antalgiques ou des anti-inflammatoires.
Les médicaments ciblés
Selon l’outil national OSIAP (Ordonnances suspectes, indicateur d’abus possible), 3 catégories de médicaments sont concernées par la falsification d’ordonnance. Il s’agit majoritairement des médicaments du système nerveux (jusqu’à 60 %), suivis des médicaments cardiovasculaires et des médicaments de la sphère digestive.
Le palmarès de 2017 des 3 molécules les plus citées est le suivant : zolpidem en tête, tramadol (seul ou en association) et alprazolam. Le zopiclone apparaît en 4e position, suivi de près par la codéine en association et la buprénorphine. À noter, le taux important du collyre tropicamide (Mydricaticum) en flacon de 10 ml, utilisé en détournement par injections chez des usagers d’opioïdes, obligeant ainsi à l’ANSM, en janvier 2019, à restreindre la dispensation pour l’usage professionnel des spécialistes en ophtalmologie. Les autres molécules connues pour leur potentiel d’abus et/ou de dépendance sont les benzodiazépines, la morphine et la prégabaline.
Que faire ?
Devant une ordonnance falsifiée, la prudence est de mise. La consultation du dossier pharmaceutique (DP), grâce à la carte Vitale, permet de tracer l’historique de délivrance du médicament demandé et de mettre en évidence un nomadisme officinal et/ou médical. Si les coordonnées du prescripteur sont présentes et exactes, le pharmacien peut le contacter afin de confirmer la falsification de la prescription et de justifier le refus de délivrance au patient.
En outre, si le patient frauduleux est connu de la pharmacie et non agressif, le pharmacien peut essayer de parler directement de la situation tout en respectant la confidentialité de l’état de santé. Dans le cas contraire, il convient de contacter dans les plus brefs délais les services de police.
Le site Internet alerte-pro-santé.fr permet aux professionnels de santé de consulter et déclarer tout incident relatif à des vols d’ordonnances, de tampons ou de documents professionnels.
Toute falsification d’ordonnance entraîne une sanction. En cas de changement de date pour un renouvellement, l’usager risque 5 000 euros d’amende. Les risques encourus sont plus conséquents lors de fraude plus grave : jusqu’à 375 000 euros d’amende avec une peine de 5 ans d’emprisonnement.
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