Les pharmaciens parisiens paient (cher) les Jeux olympiques de Paris 2024. Bilan de trois semaines de JO, selon les chiffres du Gers Data.
Paris en fête ? Dans les officines, pas vraiment. L’organisation des Jeux olympiques dans la Capitale a pesé lourd sur l’économie des pharmacies parisiennes cet été. « On remarque que Paris est plus de deux fois moins dynamique que la France entière », analyse David Syr, directeur général adjoint du Gers Data et directeur exécutif de Cegedim Pharma. En effet, en termes de chiffre d’affaires, les officines parisiennes enregistrent, sur la semaine d’ouverture des JO (semaine du 22 juillet) et sur les deux semaines de compétition (du 29 juillet au 9 août), une hausse de leur chiffre d’affaires de 2 % par rapport à 2023, quand sur la France entière, le réseau officinal évolue à +5 %. Quant aux officines situées à proximité des sites de compétition, elles dévissent complètement : -14 % sur les trois semaines pour celles situées sur les Champs-Élysées et au Trocadéro. Pour mémoire, elles avaient enregistré une perte de CA de 29 % lors de la semaine d’ouverture des Jeux.
Les résultats sont surtout plombés par les ordonnances – ou plutôt l’absence d’ordonnances – à Paris (-1 % sur 3 semaines), encore plus pour les pharmacies proches des sites olympiques (-13 %), alors que le réseau national enregistre sur la période une augmentation du chiffre d’affaires de 4 % par rapport à 2023.
Sur le rayon conseil, il n’y a pas de différence significative sur ces trois semaines entre Paris et la France en chiffre d’affaires (+10 % sur la France, +9 % à Paris). Ce sont les demandes au comptoir qui diffèrent. À Paris, les ventes sont d’abord portées par la protection solaire, et notamment les eaux de brume car seules les crèmes solaires sous forme de spray et les brumisateurs étaient autorisés sur les sites olympiques, suivies par les pastilles contre la déshydratation (Hydratis et Waterdrop), les produits pour soulager les piqûres d’insectes, les solutions pour ampoules au pied et les répulsifs. Pour la France entière, les demandes sont presque les mêmes mais pas dans le même ordre : d’abord la protection solaire puis les répulsifs, les produits contre les piqûres, les soins du corps et enfin, les produits contre les ectoparasites et la déshydratation. Quant aux pharmacies proches des sites olympiques, elles perdent finalement sur tous les tableaux avec -14 % sur les prescriptions sur les Champs-Élysées et au Trocadéro. « Les chiffres ne répondent pas aux attentes collectives sur Paris. Ils restent déceptifs », conclut David Syr.
Les officinaux, eux, ne sont pas contents. La profession a déjà annoncé s’organiser pour demander des aides compensatrices auprès de différentes autorités. L’État avait anticipé avec la mise en place d’une commission nationale « chargée d’instruire les demandes d’indemnisation des professionnels qui s’estiment pénalisés économiquement par les mesures de restriction ou d’interdiction de la circulation, de la navigation fluviale ou de l’accès à certaines zones prises par l’État pour la bonne organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ». Mais il faudra s’armer de patience. Le dossier, répondant aux conditions strictes pour être éligible (par exemple un préjudice créé par une mesure prise par l’État et en son nom, et non, par exemple, par la ville de Paris ou par le Comité d’organisation des jeux olympiques), ne pourra être déposé en ligne qu’à partir de début 2025, « une fois que les comptes 2024 auront été arrêtés et feront apparaître le préjudice pour lequel l’indemnisation est demandée », indique Bercy.
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