LA FORMATION, c’est d’abord un monde de sigles. FPC, DIF, FCC et, bientôt, DPC, il y a de quoi s’y perdre. La FPC, tout d’abord, ou formation professionnelle continue, s’adresse autant aux titulaires qu’aux adjoints. Dans le second cas, le financement est à la charge de l’OPCA-PL (Organisme paritaire collecteur agréé des professions libérales). On y trouve à la fois des formations définies comme prioritaires par la Commission paritaire nationale pour l’emploi et la formation professionnelle (CPNEFP) de la pharmacie d’officine et d’autres formations.
Quatre possibilités dans la FPC : le DIF ou droit individuel à la formation, le plan de formation, le contrat de professionnalisation et la période de professionnalisation. Dans le cas de l’adjoint, seuls le DIF et le plan de formation le concernent. Accessible au bout d’une année d’ancienneté, le DIF est pris à l’initiative de l’adjoint en accord avec son titulaire. Le titulaire doit répondre dans le mois à la demande de son salarié, faute de quoi son silence vaut accord. Par ailleurs l’employeur peut refuser une formation deux années de suite. Le DIF permet de faire une formation professionnelle, un bilan de compétences ou une validation des acquis de l’expérience (VAE). Pendant la formation, le salaire est intégralement maintenu, excepté lorsqu’elle a lieu en dehors du temps de travail. Dans ce cas, le salarié touche 50 % de sa rémunération nette.
Dans le cadre du plan de formation, l’initiative vient généralement du titulaire, qui souhaite voir évoluer son officine de telle façon et planifie la formation de son équipe pour adapter les compétences internes à son projet d’entreprise. « L’employeur décide des axes de formation et dit à son salarié sur quel thème il souhaite qu’il se forme. C’est un droit de l’employeur et une obligation pour le subordonné. Cependant tout reste ouvert à la discussion », explique Philippe Denry, président de la commission Relations sociales et formation professionnelle de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ainsi, un adjoint peut faire connaître son désir de se former à l’homéopathie, l’idée intéresse le titulaire même s’il ne l’avait pas prévu dans son projet d’entreprise et son plan de formation, l’adjoint mobilise alors son DIF pour se former.
Point de friction.
La formation continue conventionnelle (FCC), entrée en vigueur en mai 2010, doit prochainement être remplacée par le développement professionnel continu (DPC). La FCC est financée par l’UNCAM qui attribue six jours de formation par an à tous les titulaires, chacun d’entre eux étant libre de partager ces jours avec leurs adjoints. L’objectif est d’actualiser et d’améliorer les connaissances des pharmaciens ou de leur permettre l’apprentissage de nouvelles pratiques professionnelles. Chaque jour de formation ouvre le droit à une indemnisation du titulaire de 330 euros pour perte de ressources. « Un adjoint qui souhaite faire une formation sur l’asthme, par exemple, c’est l’un des sujets qui entrent dans la FCC. Le titulaire peut lui dire de faire la formation dans le cadre de la FCC en mobilisant son DIF. On déduit donc des heures de DIF mais le financement est pris en charge non par l’OPCA-PL mais par l’UNCAM », explique Philippe Denry.
Pour résumer, dans le cadre de la FPC, le DIF est plutôt à l’initiative de l’adjoint, tandis que le plan de formation est en principe une demande du titulaire. Pour la FCC, le titulaire dispose de 6 jours de formation à l’année, mais il peut choisir d’en faire bénéficier ses adjoints. Pour autant, rien n’est figé.
« La formation des uns et des autres ne doit pas être un point de friction, car elle bénéficie à tout le monde, à celui qui se forme, à l’équipe, à l’officine. Le mieux pour l’adjoint est de préparer sa formation avec le titulaire, en prenant compte des contraintes de chacun, pour qu’on se fasse aussi plaisir et que cela rentre dans le bien commun. Ils voient ensemble où mettre le curseur en nombre de jours, à quelle période, pour quel contenu. Si on apprécie sa formation, on saura d’autant mieux la retransmettre pour que toute l’équipe en bénéficie », souligne Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D de l’Ordre des pharmaciens.
Ce que confirme Philippe Denry. Ainsi, le DIF s’effectue en règle générale hors temps de travail, sauf entente sur ce point entre le titulaire et l’adjoint. Tout repose finalement sur un accord de bon sens permettant à chacun d’y trouver son intérêt.
Entretien annuel.
Dernier dispositif de formation ouvert aux adjoints : le CIF. Financé par le FONGECIF, il se fait à l’initiative du salarié. Pour y prétendre, il faut être en CDI depuis 24 mois (consécutifs ou non), dont 12 mois dans la même officine, ou bien en CDD et présenter 24 mois de salariat (consécutifs ou non) au cours des cinq dernières années, dont 4 mois travaillés au cours des 12 derniers mois. « Dans les faits, le CIF est assez rare chez les pharmaciens. Il sert en particulier pour des formations longues. Les adjoints le demandent lorsqu’ils n’arrivent pas à obtenir une formation, par exemple en cas de refus de prise en charge par l’OPCA-PL », précise Philippe Denry. Par ailleurs, rien n’empêche les adjoints de s’intéresser aux DU et aux masters proposés et d’utiliser leur DIF, en cumulant par exemple les heures attribuées sur plusieurs années.
Pour faire sa demande de formation au titulaire, rien ne vaut une conversation ouverte sur le sujet, suivie d’un courrier, de façon à formaliser la demande. « Pour le DIF, je recommande d’en parler assez tôt à son employeur et de lui faire une demande écrite au moins un mois avant le début de la formation, en indiquant le type de formation, la période, le contenu, etc. La demande peut se faire lors des entretiens annuels, c’est le meilleur moment car c’est là que chacune des parties dit ce qu’elle attend de l’autre. L’employeur peut parler de son plan de formation et le salarié dire qu’il veut mobiliser son DIF », ajoute Philippe Denry.
En 2011, plus de 8 200 adjoints se sont formés dans le cadre de la FPC (voir histogramme de l’OPCA-PL) sur près de 26 000 adjoints exerçant en France. Un taux de formation continue honorable. Mais Jérôme Parésys-Barbier avoue son inquiétude pour les « pharmaciens intermittents », qui cumulent des contrats plus ou moins longs et ont plus de difficultés à faire valoir leurs droits à la formation. « Ils sont environ 3 000 en France. Ils peuvent envisager une formation lorsqu’ils font un remplacement de plus ou moins longue durée, mais ce n’est pas simple. Ils ne sont pas suffisamment reconnus et pris en charge. Des questions se posent pour eux car on ne pourra pas être aussi exigent avec eux si on ne leur donne pas les moyens de se former. »
Modalités d’application.
Actuellement, c’est le futur DPC qui pose le plus de questions. C’est aussi la première raison des appels reçus à l’Ordre. « Les pharmaciens s’inquiètent, mais nous tenons à les rassurer. Tout le monde va devoir changer d’attitude face à la formation avec le DPC, que ce soit ceux qui doivent se former ou ceux qui doivent permettre la formation. Mais il ne faut pas que cela devienne un point de blocage et il n’est pas question de mettre la pression à qui que ce soit », note Jérôme Parésys-Barbier.
En attendant 2013, la FCC est toujours en vigueur. Sur les 16 thèmes retenus pour 2012, l’UTIP en propose 14. L’an dernier, l’UTIP a comptabilisé 1 600 pharmaciens formés, dont la moitié sont des adjoints. L’association propose aussi les formations d’assurance qualité PRAQ 1 (pharmacien responsble de l’assurance qualité) et PRAC 2 (pharmacien responsable de l’amélioration continue), dans le cadre de la FPC, la première des deux concernant titulaires et adjoints. L’UTIP ne s’arrête pas là, proposant également des soirées de formation partout en France et déclinant 12 thèmes de e-learning (sans oublier la journée nationale), mais aucune de ces méthodes n’est prise en charge par l’OPCA-PL. « Nos formations e-learning ont une durée de 4 heures, mais l’OPCA-PL exige une formation d’au moins une journée. Nous travaillons sur les propositions de formation, surtout sur les méthodes et les formes qu’elles peuvent prendre, car, avec l’arrivée du DPC, si on veut que tous les pharmaciens se forment, il faut absolument inclure tout un éventail de types de formation. Nous aimerions que les soirées de formations soient acceptées, tout comme le e-learning. Nous attendons maintenant les modalités d’application du DPC », indique Marina Jamet, vice-présidente de l’UTIP Association. Autrement dit, les décrets d’application…
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