Julien a hâte de commencer ce stage qui marquera la fin de son cursus universitaire, et son entrée dans la vie active. Il va devenir pharmacien, docteur en pharmacie, et il en est très heureux.
9 heures moins 10. Une voiture se gare sur le parking. Un homme est au volant, une femme assise à côté de lui. Des clients certainement. Le facteur passe sur son vélo électrique. Il dépose le courrier dans la boîte de la pharmacie et fait un petit signe à Julien en repartant. Tandis que Julien lui répond, il sursaute ; le volet intérieur vient de s'ouvrir et Karine, l'associée de Jean-Christophe, apparaît à la porte, souriante :
- Bonjour Julien. Entre. Nous ouvrons à 10 h 00 le lundi. Tu es très en avance…
Julien ne sait pas quoi répondre. Il n'a pas été prévenu de cet horaire d'ouverture spécifique au lundi ; JC lui a seulement expliqué que la pharmacie était ouverte du lundi au samedi, de 9 heures à 19 h 30 avec une pause à l'heure du déjeuner.
- Jean-Christophe a certainement oublié de t'en parler, continue Karine alors qu'ils arrivent dans le back-office. J'étais de garde ce week-end, c'est pour ça que je suis ici. Et puis tu sais, quand on est titulaire, on a plein de paperasse à faire, à ranger, à trier. On vit dans sa pharmacie ! Tu sais ce que tu feras une fois diplômé ?
- À vrai dire, je ne sais pas encore très bien. J'aimerais être adjoint pendant quelque temps, et peut-être faire des saisons à la montagne ou sur la côte. J'aimerais bien aussi partir dans les DOM.
- Tu as raison, c'est bien de bouger, de découvrir différents profils de pharmacie. Je crois qu'on a tous plus ou moins pensé à faire cela à la fin de nos études. Moi, je suis partie un an à la Réunion, et je ne regrette pas. Tu m'excuses, je vais répondre au téléphone. Installe tes affaires dans le vestiaire ; tu peux prendre le casier de Martin, notre précédent stagiaire.
- Merci !
Julien se dirige vers une petite pièce sombre, éclairée par un néon fatigué. Dans le casier de Martin, il trouve un badge « Étudiant en pharmacie », et un petit mot : « Salut à toi, le nouveau stagiaire. Je te souhaite de passer de très bons moments ici, de profiter pleinement de tes derniers mois en tant qu'étudiant, et de devenir un pharmacien humain et passionné. Je te laisse ce badge, que j'ai moi-même trouvé ici quand j'ai commencé mon stage. Au plaisir… ». Julien enfile sa blouse, y fixe le badge : il est prêt.
Déjà dans l'ambiance
- Alors ici, tu as les tiroirs de médicaments. Ils sont classés par ordre alphabétique, avec les génériques. Mais pour certains médicaments, on range le générique avec le princeps. Ne me demande pas pourquoi, c'est comme ça. Ou alors, il faudrait tout sortir pour tout ranger correctement, mais on n'a pas le temps !
C'est Nicole qui est chargée de faire visiter la pharmacie à Julien, pour sa première matinée de stage. Nicole n'est pas très souriante ; elle parle sèchement, vite, sans se soucier a priori de son interlocuteur. Bref, ce n'est pas une personne sympathique au premier abord. Cheveux courts, blouse impeccable, lunettes relevées plus souvent sur la tête que posées sur le nez, Nicole est la doyenne de l'équipe et elle sait le faire remarquer. D'ailleurs, si l'usage du prénom est courant au sein de l'équipe, Julien a remarqué que Nicole est la seule employée que les titulaires appellent Madame.
- Ça, c'est pas possible ! Lou, un périmé !
Nicole vient de tomber sur la seule boîte de médicament périmée du tiroir, et la tend triomphalement à la jeune apprentie.
(Nicole) - Je croyais que tu avais fait les périmés ?
(Lou) - Oui mais je n'ai pas terminé. J'étais en cours la semaine dernière.
Lou est jeune, joviale, et donne volontiers envie de discuter avec elle. Face à Nicole, elle ne se démonte pas.
(Lou) - Merci quand même Madame Bertin, j'aurai ça de moins à vérifier.
Nicole s'apprête à répondre lorsque Jean-Christophe arrive.
- Madame Bertin a encore trouvé un périmé ! Vous êtes un vrai détecteur. Ça va le p'tit ? Tu viendras me voir après la visite, pour signer des papiers.
Il file dans son bureau, en chantonnant.
Encore des travaux !
Karine est assise à son bureau, une lettre à la main quand Jean-Christophe entre. Karine et Jean-Christophe, JC pour les copains, sont amis de longue date. Ils ont travaillé ensemble comme adjoints pendant deux ans. Quand la mère de JC a décidé de prendre sa retraite et de lui céder entièrement la pharmacie, il a recontacté Karine pour lui proposer une association.
(J-C) - Hello ma belle. Ça va toi ? La garde s'est bien passée ? Houla, qu'est-ce qu'il y a ? Quelqu’un est mort ?
- Non, mais on a reçu ce courrier ce matin.
Elle lui tend la lettre. Elle provient de la mairie, le service urbanisme plus précisément. JC la prend et la lit :
- Des travaux ! Encore ! La rue a déjà été refaite il y a 2 ans. Il se fout de nous le père Thomas !
- Le maire n'y est pour rien, du moins il n'est pas le seul responsable. De toute façon, c'est comme ça. Dans un mois, ça commence et nous n'aurons rien à dire. Donc on va prendre notre mal en patience…
- On sait combien de temps ça va durer ?
- Ils disent 3 mois, pour la rue entière.
- Ils pourraient au moins nous consulter. C'est vrai quoi ! Comment les clients vont accéder au parking ? Ah, il est beau le sauvetage du petit commerce. Et la rue du Leclerc, ils la refont pas, elle ?
Après sept ans d'association, Karine a l'habitude des coups de gueule de JC. Elle sait que ça retombe aussi vite que c'est monté. Ces travaux dans la rue peuvent en effet être pénalisants, mais c'est aussi l'occasion de demander à la municipalité d'aménager le trottoir pour les personnes handicapées, et de demander une place de stationnement rapide supplémentaire juste devant l'officine. Elle connaît bien une adjointe à la mairie, elle lui en parlera.
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