Dialogue

Pour que la pharmacie redevienne une vocation !

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Publié le 10/12/2018
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L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France émet des réserves sur le projet de réforme d’accès aux études de santé, dont le texte a été dévoilé par « L'Obs » le 3 décembre.

Après des semaines de concertations pour réformer l’entrée dans les études de santé, et alors que tout le monde s’accorde à dire que la PACES* a été l’un des plus importants désastres de l’enseignement supérieur aboutissant à un gâchis humain et une sélection absurde, aucun accord n’a encore été trouvé pour la remplacer.

Les étudiants en pharmacie, à travers l’ANEPF, souhaitent faire entendre leur voix, pour défendre un nouveau modèle de recrutement ambitieux. La proposition des conférences des doyens et des présidents d’université, qui vise à instaurer une réforme de la première année pour créer un « portail santé » ne nous satisfait pas et ne répond pas aux attentes des étudiants.

Osons enfin réaliser une réforme d’envergure et novatrice ! Il n’est plus possible de réformer par rustine, pour créer de nouveaux modèles de « première année ». Nous ne voulons pas d’une PACES déguisée sous prétexte que les moyens ne sont pas mis en place pour réformer drastiquement notre formation. Il est désormais temps de créer de véritables parcours licence, pour permettre aux étudiants d’être recrutés dans les filières de santé sans abandonner ceux qui ne le sont pas. D’une part, à travers des licences déjà existantes auxquelles un module santé serait ajouté ; d’autre part par des licences axées principalement sur la santé et qui conduiront aux métiers de la santé de demain (ingénierie en santé, gestion des données de santé, informatique en santé). Aujourd’hui, nos métiers nécessitent des compétences pluridisciplinaires, il est donc essentiel d’assurer une diversification des profils recrutés.

Ce système doit permettre aux étudiants de candidater au cours de leur licence pour intégrer une deuxième année de pharmacie, leur permettant ainsi d’avancer dans leur cursus universitaire sans perte de chance. En effet, il n’est plus acceptable d’observer l’échec universitaire de 70 % d’étudiants à l’issue de la PACES sans réagir et repenser un modèle de sélection vieillissant.

Ce système de recrutement doit permettre une orientation des étudiants par choix, par intérêt, par motivation, voire par passion, et non plus par défaut. Nous souhaitons ainsi mettre en place la possibilité de candidater pour une seule filière de santé, en cohérence avec un projet professionnel réfléchi. Nous souhaitons rendre la pharmacie attractive, avec des étudiants présents par vocation et épanouis dans leurs études, qui forgeront demain l’avenir de leur future profession.

Mais comment recruter de bons étudiants en pharmacie ? Il est temps de cesser le recrutement des étudiants sur leur capacité à colorier des cases de QCM, pour mettre en place une évaluation des capacités de réflexion et des bases scientifiques. Il est temps de prendre en compte les compétences en communication par la mise en place d’oraux ; il est temps de remettre de l’humanité dans notre formation.

Nous continuons à nous battre afin de construire un système ambitieux, pour assurer la réussite des étudiants, dans un système plus respectueux et moins anxiogène. Il est grand temps de changer les mentalités, de transmettre la passion de la pharmacie, et de répondre aux aspirations des étudiants. Les étudiants comptent sur nous, nous répondrons présents pour porter une réforme à la hauteur des enjeux.

*Première année commune aux études de santé.

Le bureau national de l’ANEPF

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3480