Un commentaire d’ordonnance comptant pour l’examen final des étudiants en 6e année de pharmacie à Marseille fait le buzz depuis hier sur les réseaux sociaux. En cause ? L’analyse concerne l’association d’hydroxychloroquine, d’azithromycine et de zinc, et l’épreuve est dirigée par le Pr Honoré, pharmacien hospitalier et cosignataire d’études sur le Covid-19 du Pr Raoult. Il s’explique.
C’est un tweet qui a mis le feu aux poudres hier. Un internaute aux plus de 42 000 abonnés poste le sujet d’un commentaire d’ordonnance sur lequel les 6e année de pharmacie sont en train de plancher. Il s’agit d’une prescription datant du 20 avril dernier par un médecin généraliste marseillais à une patiente de 65 ans, après électrocardiogramme, de Plaquenil 200 mg (3 comprimés par jour pendant 10 jours), d’azithromycine 250 mg (2 comprimés le premier jour, puis un comprimé jour 2 à jour 5), et d’Effizinc 15 mg (3 comprimés par jour pendant 10 jours). Outre la polémique ancrée dans l’actualité sur la prescription elle-même, c’est le fait que l’enseignant qui dirige cette épreuve soit un cosignataire d’études sur l’hydroxychloroquine (HCQ) menées par les équipes du Pr Raoult qui interpelle les internautes. L’étudiant doit-il répondre « correctement » en concluant sur la non-délivrance de l’ordonnance ou prendre en compte que le correcteur est un « pro Raoult », se demande ainsi Morgane, interne en pharmacie.
Le Pr Stéphane Honoré, pharmacien hospitalier à l’AP-HM de Marseille, PU-PH de pharmacie clinique et responsable de la filière officine à la faculté de Marseille, est tombé des nues face à l’emballement médiatique. « Un commentaire d’ordonnance est une analyse critique d’un cas de prescription. En l’occurrence, c’est un cas de comptoir auquel les pharmaciens en région PACA et au-delà, les étudiants en stage, ont été confrontés des dizaines de fois ces derniers mois, il était donc intéressant de tester leurs connaissances sur le sujet en s’appuyant sur une analyse factuelle et la réalité de la réglementation. Ils doivent décrire les médicaments, les effets indésirables, les interactions attendues et les moyens de les prévenir, la posologie indiquée, la restriction de prescription depuis le 25 mars… » Le commentaire devait donc se conclure sur la non-validité de l’ordonnance, le refus de dispensation, l’appel au prescripteur et les conseils au patient. « Il n’y a jamais eu d’intention cachée de ma part lorsque j’ai proposé ce sujet. D’ailleurs la majorité de mes étudiants n’y ont vu aucune ambiguïté. J’ai mon intégrité, je suis honnête et choqué que l’on puisse penser que je sous-noterais des étudiants qui respecteraient la loi », confie le Pr Honoré au « Quotidien ».
Pour couper court aux polémiques, la faculté de pharmacie de Marseille a annoncé que la question sera neutralisée, donc soit l’épreuve est retirée de la notation, soit seules les notes positives seront comptabilisées. « Mes étudiants ne souhaitent pas que l’épreuve soit annulée parce qu’ils maîtrisent ce cas pratique pour l’avoir rencontré à de multiples reprises, c’était presque un cadeau de leur proposer un tel commentaire. J’ai corrigé la moitié des copies, je n’ai aucune mauvaise réponse, tous ont refusé la délivrance », ajoute Stéphane Honoré.
Au final, beaucoup de bruit pour rien. « Je reconnais que le sujet est polémique, mais je m’adresse à de futurs pharmaciens qui, dans un mois, seront en exercice, ils devront savoir faire face à ce type de prescription. C’est un sujet d’actualité, peut-être mal choisi au regard de mes activités de recherche. En tout état de cause, c’est un sujet parmi d’autres questions comptant pour l’examen final des futurs pharmaciens. »
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