SAMEDI dernier, une manifestation était organisée à Paris pour protester contre le projet de suppression du programme Erasmus. Encore l’an dernier, celui-ci avait permis à près de 200 000 jeunes de découvrir la vie étudiante dans un autre pays. Erasmus ou pas, les étudiants en pharmacie français, échaudés par la difficulté du concours de première année, sont de plus en plus nombreux à vouloir tester les bancs des facultés étrangères (voir les témoignages ci-dessous). Leurs destinations de prédilection ? La Belgique et la Roumanie.
Si plus d’un étudiant se dit séduit par cet exode volontaire, les doyens des facultés françaises sont en revanche plutôt hostiles à cette démarche qui permet aux aspirants potards de passer entre les mailles du filet du concours national. « Il y a une règle du jeu, il faut la respecter, déclare Dominique Porquet, président de la conférence des doyens des facultés de pharmacie de France. Quand on échoue, c’est qu’il y avait d’autres étudiants meilleurs que vous. » En Roumanie, il pointe une « grande hétérogénéité de l’enseignement selon les universités. Celle de Bucarest n’est pas d’un très bon niveau, en revanche celle de Cluj et de Timisoara sont bien meilleures ».
Preuve que le niveau des diplômes obtenus à l’étranger est parfois sujet à caution, il arrive que l’on demande à certains étudiants issus de filières roumaines, lors de leur inscription à l’Ordre, des formations complémentaires. « Pour certaines universités dont le niveau laisse vraiment à désirer, on réclame un DU supplémentaire aux étudiants, ainsi qu’un stage de six mois dans une officine française, avant de valider leur dossier », prévient Dominique Porquet. Il note que la Belgique pose généralement moins de problèmes, car « le système est plus proche du nôtre au niveau de l’enseignement ». Cependant, victime de son succès, le pays « met en place un certain nombre de barrières afin de limiter désormais le flux d’étudiants étrangers ».
Pour Luc Dubreuil, doyen de la faculté de pharmacie de Lille, l’exode des étudiants vient aussi du fait que « certains frontaliers peuvent être tentés d’aller en Belgique pour gagner un an d’étude », puisque le cursus pharmaceutique dure 5 ans au lieu de 6 en France. Comme le doyen Porquet, il reconnaît toutefois que les niveaux des diplômes entre ces deux pays sont comparables. Quant à l’Ordre des pharmaciens, il rappelle que les études ne sont pas forcément plus faciles à l’étranger. « Il y a d’autres critères de contrôle que le concours », estime Jean Arnoult, président du conseil de l’Ordre du Nord-Pas-de-Calais.
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