Engagées depuis plusieurs semaines dans une grande campagne de communication baptisée « Mes études, votre santé », les fédérations d'étudiants en santé publient ce 8 décembre une lettre ouverte pour sensibiliser l'opinion sur le mal-être des futurs professionnels de santé.
Angoissés, déprimés, mal accompagnés… les étudiants en santé vivent une rentrée particulièrement difficile entre réforme laborieuse de la PACES et crise sanitaire. Dans un courrier intitulé « Moi étudiant en santé, j'accuse » et signé par l'ensemble des fédérations les représentant, dont l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), ils alertent sur les difficultés rencontrées par bon nombre d'entre eux. « Je suis devenu trop indispensable au bon fonctionnement de l'hôpital public. Et pourtant, lorsque la rémunération n'est pas absente, celle-ci ne me permet pas toujours de subvenir à nos besoins, loin de là. Certains d'entre nous touchent 80 centimes de l'heure et d'autres, au bout de 7 ans d'étude, (ne bénéficient) toujours pas du SMIC horaire » : c'est ainsi que débute cette lettre ouverte, qui accorde également une large place à la détresse psychologique dans laquelle sont plongés certains étudiants.
Malgré des chiffres alarmants, (un tiers des étudiants infirmiers prennent des anxiolytiques, 30 % des inscrits en médecine présentent des signes de dépression…), la question de la santé mentale des étudiants reste « un tabou », déplorent les fédérations d'étudiants en santé, qui rappellent que les dispositifs d'aides et de prévention des risques psychosociaux sont « inexistants, insuffisants, inconnus ou inaccessibles » et que très peu de jeunes peuvent donc y avoir accès.
Le manque d'investissements et les lacunes des différentes formations des soignants expliquent en grande partie l'anxiété ressentie par ces étudiants soumis à « une pression toujours plus impitoyable générée par les examens, l'apprentissage intensif et le bachotage de connaissances », expose la lettre ouverte, qui se conclut par ce constat cinglant : « Aujourd'hui, moi étudiant en santé, je suis utilisé comme main-d’œuvre bon marché au sein d'un cadre désastreux, contraint d'enchaîner les heures sans indemnisation adéquate, parfois humilié. Le résultat est sans appel, épuisement physique et psychique, dépression, burn-out, dégoût de la profession. Après des années de désengagement dans le système de santé, les étudiants comme les professionnels souffrent. » Les fédérations d'étudiants en santé attendent désormais le retour du ministère de l'Enseignement supérieur à qui elles ont récemment adressé un rapport de revendications.
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