Des mois entiers de dur labeur, de révisions à domicile dans des studios exigus, suite à la fermeture des universités décidée par le gouvernement… tout cela pour être privé d'examens et accepter la dure perspective d'une année blanche. Testés positifs, ou cas contact, des étudiants paient au prix fort leur "faute" : avoir été infectés par le SARS-CoV-2 quelques jours avant de devoir passer leurs concours.
Cette mésaventure, ils sont nombreux à l'avoir vécue, ou à la vivre en ce moment, comme cette étudiante aide-soignante du Lot positive au Covid au cours d'un stage dans un EHPAD et qui n'a pu valider son diplôme. La jeune fille a décidé d'écrire au ministre de la Santé pour faire part de son désarroi. Si, depuis le début d'épidémie, établissements de santé et hôpitaux savent parfois fermer les yeux lorsque l'un de leurs stagiaires est testé positif, le sous-effectif justifiant certains compromis, pas question d'en faire de même si les futurs soignants se trouvent dans cette situation avant leurs concours. « Pour certains examens les étudiants positifs ou cas contact peuvent bénéficier d'un rattrapage mais ce n'est pas possible pour le concours de l'internat ni pour les épreuves classantes en 1re année, explique Adrien Cazes, vice-président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), en charge de l'enseignement supérieur. Pour des raisons d'équité, il est impossible de leur proposer une deuxième session. En juin dernier, les étudiants qui étaient dans cette situation ont pu passer leurs examens dans des salles à part mais cette fois-ci les conditions ont été durcies et cette option n'a pas été retenue. » En guise de justification à ce refus de remettre en place ces salles supplémentaires, le ministère de l'Enseignement supérieur a simplement précisé que les étudiants étaient des citoyens comme les autres qui devaient s'isoler s'ils étaient contaminés. Un changement de doctrine qui a peut-être incité des étudiants positifs ne pouvant se permettre le luxe d'un redoublement à se rendre malgré tout dans les salles d'examens, au risque de contaminer leurs camarades.
Peur de créer la panique
Si la situation n'est bien sûr pas simple à gérer pour les universités et leur ministère de tutelle, la transmission des informations et le rappel des règles fixées pour ces examens de fin d'année n'aura pas été d'une grande clarté, comme l'ont également regretté les fédérations d'étudiants en santé. Dans un communiqué commun, elles reprochent notamment à certaines facs d'avoir « sciemment caché » aux étudiants la mesure consistant à proposer l'annulation pure et simple de l'année à toutes celles et ceux qui sont testés positifs ou se trouvent être cas contact juste avant de devoir passer leurs examens. « Certaines universités ont eu peur de créer la panique et n'ont rien annoncé officiellement, confirme Adrien Cazes. Des étudiants n'avaient pas reçu l'information avant de passer leurs examens, d'autres l'ont appris par la presse… cette situation génère un énorme stress chez les étudiants. Pour certains d'entre eux, c'est le concours d'une vie », tient-il rappeler. Aux étudiants contraints de renoncer à leur année, le ministère leur conseille de suivre des options ou « d'en profiter pour prendre de l'avance ». Des préconisations que certains étudiants, un brin découragés ou en difficulté sur le plan financier, ne suivront peut-être pas.
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