ÉTUDIER à l’étranger est souvent un choix par défaut pour les futurs pharmaciens. Un choix fait le plus souvent après un double échec sur les bancs français. « J’ai passé deux fois sans succès le concours de pharmacie à Caen, témoigne Sophie*, étudiante en troisième année à la faculté de pharmacie de Cluj-Napoca, en Roumanie. Je connaissais des amis qui sont allés étudier en Roumanie et j’ai donc décidé de tenter un cursus de pharmacie là-bas. » La jeune fille compare régulièrement le programme de son université avec celui de ses amis restés en France. Résultat ? « Ils sont identiques, même si nous n’avons pas forcément les mêmes matières durant les mêmes années. » En Roumanie, les études de pharmacie durent cinq ans et les étudiants doivent effectuer un stage chaque année. « J’ai pu réaliser mes deux premiers stages en France, près de Caen, mais celui de cinquième année devra être effectué en Roumanie », précise Sophie.
Globalement, la jeune fille se dit satisfaite de la qualité des enseignements dispensés. « Ici, les professeurs prennent le temps de nous expliquer les choses. Ils nous donnent leur numéro de téléphone, leur adresse mail et sont très disponibles. Ce n’est pas comme en France, où ils dispensent leurs cours puis s’en vont. » Autre avantage à ses yeux, des promotions aux effectifs réduits : 55 élèves dans celle de Sophie et 10 étudiants par groupe de TP. En outre, la pratique est, selon elle, plus valorisée qu’en France. « On est obligés de valider les travaux pratiques, sous peine de ne pas être autorisé à passer l’examen écrit », souligne Sophie. Et gare à ceux qui ne réussissent pas leurs examens ! Car, si la sélection pour l’entrée dans le cursus se fait sur dossier, les mauvais élèves risquent néanmoins de payer leurs échecs en espèces sonnantes et trébuchantes. « Chaque matière vaut un certain nombre de crédits, détaille Sophie. Si on rate une matière, il faut payer 85 euros par crédit pour repasser l’examen. Donc mieux vaut ne pas échouer, sous peine de le payer cher. » Les frais d’inscriptions à la faculté de Cluj-Napoca peuvent d’ailleurs en rebuter plus d’un : 5 000 euros par an.
Concernant la barrière de la langue, elle n’apparaît vraiment qu’à partir de la quatrième année. « Les trois premières années, nous avons des cours exclusivement en français, explique Sophie. Car il existe une section roumaine, une section française et, depuis cette année, une section anglaise. Cependant, en 4e année, nous sommes obligés de parler roumain, car nous nous retrouvons tous ensemble en cours, quelle que soit notre langue maternelle. En réalité, nous étudions en Roumanie mais nous ne sommes pas totalement en immersion. Nous croisons beaucoup plus d’étudiants d’autres nationalités que de locaux. Cluj est une ville très étudiante avec beaucoup de mélanges. »
Sophie a certes entendu quelques rumeurs autour de diplômes de pharmacie obtenus en Roumanie et non validés en France, mais cela ne l’inquiète guère. D’ailleurs, elle envisage plutôt de s’installer au Maroc. « Il y a trop de changements en France en ce moment pour la pharmacie et elle n’est pas très valorisée », estime-t-elle.
D’autres étudiants, comme Matthieu*, ont préféré tenter leur chance en Belgique. Ce jeune titulaire y a obtenu son diplôme en 2001, avant de s’installer dans le nord de la France. « Le cursus n’est pas forcément plus facile qu’en France, mais il est différent », souligne-t-il. Quant aux jeunes qui verraient dans l’option belge une voie plus facile, ils pourraient bien déchanter. « La plupart des étudiants qui avaient raté le concours français n’ont pas non plus réussi en Belgique. Et s’il est vrai qu’on voit de nombreux Français en première année, à la fin du cursus de cinq ans il n’en reste plus beaucoup », prévient Matthieu. Lui aussi estime que, comme en Roumanie, l’ambiance est meilleure et les professeurs plus disponibles. Il estime aussi que l’examen final, qui porte sur tout le programme de A à Z, est « beaucoup plus juste qu’une thèse, où on peut toujours se faire aider ».
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