Dans son projet de budget pour 2025, dévoilé en fin de semaine dernière, le gouvernement a annoncé vouloir réaliser 60 milliards d’euros d’économies sur les finances publiques. Parmi les pistes envisagées pour réduire le déficit, la révision à la baisse de la prime d’embauche des apprentis. Une idée aussitôt critiquée par le patronat, et notamment par les syndicats de pharmaciens.
Ces dernières années, grâce à la mise en place de primes à l’embauche, l’apprentissage est plébiscité par les employeurs. Le nombre de jeunes en contrat d’apprentissage a dépassé le million au 31 décembre 2023, selon des chiffres de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES). À titre de comparaison, ils n’étaient qu’environ 400 000 en 2018. Problème, l’apprentissage coûte cher à l’État, beaucoup trop cher. Selon l’économiste Bruno Coquet, cité par « Le Figaro Étudiant », l’apprentissage aurait coûté près de 25 milliards d’euros à l’État en 2023, soit 26 000 euros par alternant.
Aujourd’hui, l’exécutif compte réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies sur l’apprentissage, en abaissant le plafond des primes à l’embauche de 6 000 à 4 500 euros par apprenti. Rappelons que cette aide de 6 000 euros avait été prolongée par décret pour l’année 2024, avec l’objectif de la pérenniser jusqu’en 2027. Le gouvernement avait même déclaré, en janvier 2024, vouloir prolonger ce soutien pour faire de la France « une véritable nation de l’apprentissage au service du plein-emploi ». Les ambitions ne semblent plus être les mêmes aujourd’hui et une remise en cause du montant de ces primes contraindrait les employeurs à mettre la main à la poche ou amènerait sans doute certains à renoncer à l’embauche d’apprentis.
Comme de nombreuses entreprises, les pharmacies ont grandement bénéficié de ce dispositif attractif et la perspective de voir ces primes rognées suscite l’inquiétude, sinon la colère, des représentants des titulaires. « Le gouvernement cherche de l’argent un peu partout, mais là c’est la plus mauvaise idée qu’il pouvait avoir », critique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. (FSPF), qui tient à rappeler l’ensemble des bienfaits apportés par la réforme de l’apprentissage introduite en 2018, tant pour l’accès à l’emploi des jeunes, que sur le fléchissement de la courbe du chômage. Il promet de s’opposer à la volonté du gouvernement de baisser de 6 000 à 4 500 euros le montant de ces primes à l’embauche. « On parle également de seuils pour ces aides avec des différences entre les entreprises qui ont plus de 250 salariés et celles qui en ont moins. Autre piste de régulation évoquée : limiter les aides pour les jeunes au niveau bac ou bac+2, complète Philippe Besset. Or les pharmaciens ont et auront des apprentis au niveau licence dans les années à venir, donc là encore, c’est une très mauvaise idée. Avoir des apprentis en niveau licence ou master, cela a permis de redorer l’image de l’apprentissage. Ce n’est plus vu comme une voie de garage et je souhaite que cela perdure », explique le président de la FSPF. Ce dernier n’est pas le seul à avoir lancé un avertissement au gouvernement sur les conséquences que ces mesures pourraient avoir. Le MEDEF, l’U2P (qui soutient les entreprises de proximité) ou encore l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) ont tous invité l’exécutif à ne pas briser la dynamique que connaît l’apprentissage depuis plusieurs années.
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