La réunion de cet après-midi devrait être le point d'orgue de trois mois de négociations. Celui, en tout cas, du volet métier de la convention pharmaceutique* dont la prévention est le principal moteur.
Le pharmacien correspondant va enfin voir le jour. Avec quelques restrictions cependant, car, comme le regrette Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), il devra s'inscrire au sein du même exercice coordonné que le médecin traitant et dans une zone en sous-densité ZIP (zones d'intervention prioritaire) ou ZAC (zone d'action complémentaire). Un paradoxe que relève également Philippe Besset, président de la FSPF, qui promet d'intervenir auprès du législateur pour lever cette contradiction.
La coordination est également au cœur de la dispensation à domicile. Sa porte d'entrée sera le dispositif PRADO. Elle sera par conséquent couplée avec la sortie hospitalière, ce qui n'est pas pour déplaire au président de la FSPF. Le pharmacien percevra dans ces conditions 2,50 euros pour se rendre chez le patient. La téléconsultation sera pérennisée sous forme d'un forfait d'équipement de 1 225 euros lors de la première année, puis d'un paiement à l'acte à partir de 2023. La rémunération de la vaccination proposée à 15 euros par les syndicats, a été revue à la baisse par l'assurance-maladie qui fixe un tarif à 7,50 euros si le patient produit une ordonnance médicale et un second à 9,60 euros si le pharmacien est lui-même prescripteur. « Il faut que ça augmente », espère encore Pierre-Olivier Variot, qui ne se dit pas opposé à une ROSP vaccination. De son côté, Philippe Besset se dit satisfait d'avoir obtenu un tarif équivalent à celui des médecins. « Ainsi, désormais, nous nous battrons ensemble pour obtenir une revalorisation ! » Parmi les autres avancées, une ROSP démarche qualité à 100 euros et un entretien de la femme enceinte de cinq minutes sur les risques tératogènes, rémunéré 5 euros. « Nous enverrons un flyer sur l'espace numérique de la patiente via notre LGO », précise le président de l'USPO tandis que son confrère table sur cet entretien pour vérifier les traitements et sensibiliser à la vaccination antigrippale.
Toujours dans le registre de la prévention, le dépistage du cancer colorectal, attendu depuis longtemps par les syndicats, commencera en mai prochain. L'infection urinaire pourra donner lieu à un test en officine, mais contrairement à leurs attentes, les pharmaciens ne pourront pas dispenser d'antibiotiques, mais orienter le patient vers un médecin pour un honoraire de 6 euros, matériel compris. Bien insuffisant, dénonce l'USPO.
L'assurance-maladie veut également sécuriser la dispensation des médicaments onéreux, majoritairement de prescription hospitalière, selon un dispositif qui reste à imaginer. Quant à la dispensation adaptée, son mode de calcul sera maintenu cette année, mais modifié à partir de 2023 et étendu à certains produits de la LPP. Enfin la ROSP génériques pourrait réapparaître pour au moins deux ans et intégrer un indicateur de stabilité (rétribué 400 euros) et un indicateur de rapidité de pénétration des nouveaux entrants. Enfin, une rémunération de la dispensation à l'unité est proposée par l'assurance-maladie à hauteur d'un euro.
Les conditionnements trimestriels en question
Volontaires pour engager la profession dans ces nouvelles voies de la prévention, les représentants des pharmaciens n'en réclament pas moins des garanties sur la rémunération de la dispensation du médicament. Une contrepartie qui devrait se trouver dans une revalorisation de l'honoraire des conditionnements trimestriels. Tenant compte de l'extension de la liste de ces produits, conformément à l'arrêt du Conseil d'État, l'assurance-maladie envisage de réduire cependant cet honoraire de 2,70 euros à 2,50 euros. Soit un manque à gagner de 30 à 35 millions d'euros pour le réseau officinal.
Il n'en est pas question pour les syndicats qui réclament fermement le maintien du tarif actuel, prometteur d'au moins 60 millions d'euros supplémentaires. L'assurance-maladie acceptera-t-elle finalement ce statu quo ? En cas de refus, cette clause pourrait être considérée comme suspensive par la FSPF qui refuserait alors de signer la convention le 1er mars, a fait savoir Philippe Besset. Quant à l'USPO, si elle n'a pas annoncé de position aussi tranchée, elle a néanmoins relevé au moins trois ou quatre points de blocage dans le texte. Un texte dont l'avenir est désormais dans les mains de Thomas Fatôme, directeur général de l'assurance-maladie.
*Les partenaires conventionnels ont d'un commun accord reporté à 2023 la finalisation du volet économique, jugeant trop complexe d'aborder les évolutions de la rémunération officinale dans le contexte de la pandémie.
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