À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, les équipes de pharmaco-épidémiologie de l’agence du médicament et de l’assurance-maladie réunies dans EPI-PHARE dévoilent les données d’utilisation de Truvada (emtricitabine + ténofovir) et génériques dans la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH. Après un recul net lié à la crise Covid, l’usage de la PrEP repart à la hausse mais reste encore trop limité.
Portée par la prescription des médecins généralistes autorisée depuis le 1er juin 2021, l’utilisation de Truvada ou de ses génériques dans la PrEP enregistre une reprise soutenue depuis le second semestre 2021. À fin juin 2022, le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant initié la PrEP en France est de 64 821, soit une augmentation de 39 % en un an. Ceux ayant effectivement utilisé la PrEP sont également plus nombreux : 42 583 au 1er semestre 2022 versus 30 376 au 1er semestre 2021 (+40 %).
« Au 1er semestre 2022 ce sont presque 3 800 primoprescriptions, soit 41 % de l’ensemble des initiations de PrEP, qui ont été effectuées par des prescripteurs libéraux, dont 88 % par des médecins généralistes. En comparaison, ce chiffre s’élevait à 1 389 (19 % des initiations) au premier semestre 2021. Dans une moindre mesure, la part des médecins libéraux dans les prescriptions de renouvellement de PrEP a également augmenté, passant de 26 % au 1er semestre 2021 à 37 % au 1er semestre 2022 », précise le groupe d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE dans son rapport.
Une amélioration nette, mais qui recouvre encore de fortes disparités dans les populations qui pourraient bénéficier de cette prophylaxie. En effet, la « diffusion de la PrEP aux groupes de population autres que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) des grandes métropoles s'est poursuivie » mais reste lente et limitée. Elle se répartit peu à peu sur le territoire : « La part des utilisateurs résidant à Paris et en petite couronne a poursuivi sa baisse, au profit de certaines régions (notamment Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire) et de la grande couronne parisienne. » Cependant, la part des femmes, en légère augmentation, « reste marginale » : 4 % au 1er semestre 2022 versus 2 % au 1er semestre 2021.
Dans la continuité de la tendance amorcée en 2020-2021, les jeunes de moins de 25 ans bénéficient davantage d’initiations à la PrEP, ainsi que les « personnes résidant en milieu urbain hors grandes métropoles, en milieu semi-urbain ou rural », et des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (ex-CMUc). Toutefois, les utilisateurs de la PrEP restent encore « principalement des hommes, âgés de 36 ans en moyenne, résidant en Île-de-France ou dans une grande métropole et parmi lesquels la proportion de bénéficiaires de la CMUc ou de l’Aide médicale d’État (AME) est faible ». La France a été le premier pays européen à autoriser la PrEP en accordant une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) à Truvada fin 2015.
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