Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques (FSPF), l'annonce en préambule : à la différence d'autres professions comme les médecins ou encore les salariés de l'officine, l'évolution de la rémunération des pharmaciens est protéiforme. Car elle prend tour à tour la forme d'une revalorisation des grands conditionnements, dossier délicat que les syndicats s'étaient promis d'aborder lors de cette première réunion afin d'obtenir un élargissement de la liste, mais aussi d'une révision de la ROSP génériques et des différents honoraires de dispensation.
Si sur ce dernier sujet, la FSPF table sur une évolution de l'honoraire complexe qu'elle juge aujourd'hui inadapté parce que fondé sur le nombre de lignes de prescription, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) préfère abandonner cette piste au profit des honoraires liés à l'âge et à l'ordonnance ou des honoraires spécifiques. Sur le volet des grands conditionnements comme sur celui de la ROSP génériques, Gilles Bonnefond, porte-parole de l'USPO, plaide en faveur d'une reprise en main par le pharmacien. « Ce n'est pas à l'industrie de dicter la dispensation, mais bien à l'officinal de définir ce qui est adapté à son patient », résume-t-il. Ainsi, selon lui, l'officinal, sous le statut du pharmacien correspondant, pourrait choisir de délivrer ou non un conditionnement de trois mois en fonction de la stabilité du traitement. Quant à la ROSP génériques, l'USPO propose une ROSP simplifiée lisible pour les pharmaciens « sur les deux premières années, tant que l'article 66 ne prend pas effet ». La rémunération serait ensuite basée sur deux autres critères, un taux de pénétration par pharmacien et un objectif de stabilité. Autres dossiers évoqués par l'USPO, la dispensation à domicile, la préparation des doses à administrer (PDA) ou encore les gardes, autant de services officinaux qui demandent à être rémunérés, voire revalorisés.
400 millions d'euros nécessaires
Les deux syndicats s'accordent pour désigner l'année 2019 comme base de référence pour négocier les nouvelles orientations de la rémunération officinale. « Une année hors Covid qui va nous aider à comprendre l'économie de l'officine avec deux ans de recul », expose Philippe Besset, président de la FSPF. Il a déjà paramétré les besoins urgents. Selon lui, un bon fonctionnement du réseau officinal exige a minima une revalorisation de la rémunération de l'ordre de 400 millions d'euros. En un mot, il s'agit de la somme nécessaire pour combler le déficit des 10 000 salariés qui manquent aujourd'hui à l'appel. À titre indicatif, cette année, près de 1,6 milliard d'euros aura été injecté par l'assurance-maladie dans le réseau officinal pour lui permettre de répondre aux nouvelles missions liées au Covid.