« Vous ne devez pas prendre de sildénafil si vous êtes une femme. » Telle est la mention clairement indiquée sur la notice de la spécialité Viagra (sildénafil), comme sur celles de ses génériques. Pourtant, dès 1998, date de commercialisation du célèbre traitement de la dysfonction érectile, l'idée d'une utilisation chez la femme a titillé la curiosité des chercheurs. À tout seigneur tout honneur, c'est le Laboratoire Pfizer qui, le premier, a testé les performances du petit losange bleu sur la gent féminine. « Le clitoris est un organe érectile comme le pénis. Le Viagra pourrait donc agir chez les femmes de la même manière que chez les hommes, en provoquant une vasodilatation de la sphère génitale et en augmentant la lubrification vaginale », expliquait alors le Dr Sylvia Cukier, du Laboratoire Pfizer. Las, les résultats de cet essai, peut-être pas assez significatifs à l'époque, sont restés dans l'ombre du succès masculin. N'empêche. Vingt-cinq ans ont passé et l'idée d'une administration à la femme n'a pas disparu… Dopé par les réseaux sociaux, l'usage hors AMM prospère. Et les témoignages d'utilisatrices satisfaites fleurissent. « Quand j'en prends, je sens mon clitoris s'engorger, cela aide à la lubrification. [...] J'apprécie davantage les préliminaires, j'ai envie que les relations sexuelles durent plus longtemps, et je peux avoir un orgasme dans presque toutes les positions », confie sans pudeur l'une d'entre elles. Rappelons bien sûr que l'usage du sildénafil hors prescription médicale est vivement déconseillé…
Tentant de remettre le « Viagra au féminin » dans les rails du bon usage, des essais menés en juin dernier montrent, eux, les résultats positifs d'une crème à 3,6 % de sildénafil, dans un essai de phase 2b chez des femmes souffrant de trouble de l'excitation sexuelle féminine (FSAD). Appliquée sur le tissu vulvo-vaginal avant l'acte sexuel, la crème permet d'augmenter la réponse à l'excitation physique et d'améliorer globalement l'expérience sexuelle des femmes atteintes de FSAD. Le Viagra pour les femmes avance, certes, mais dans le traitement des troubles sexuels, l'homme a incontestablement pris une longueur d'avance…