C'est une première. Un jeune entrepreneur bordelais en mal de marketing a eu l'idée de mélanger du vin et du cannabis.
La préparation associe le cannabidiol (CBD) à un monocépage 100 % petit verdot, d’ordinaire utilisé dans l'assemblage des grands crus, pour un résultat mêlant « des notes de cassis » à celles du cannabis. Tchin, tchin ! Effet relaxant garanti par son concepteur, qui présente son invention comme « un vin d’apéro festif » destiné à « casser les codes traditionnels du vin ». Le jeune bordelais s’est associé à un ami d’enfance, aujourd’hui œnologue, pour trouver « l'assemblage parfait » entre le vin et le CBD, dont l’ajout ne permet cependant pas au produit final d’être juridiquement reconnu comme du vin, mais comme « une boisson aromatisée à base de vin ». Récolté à la main dans la région, le chanvre est ensuite transféré en Allemagne où un laboratoire assure l’extraction, interdite en France, de l'ensemble des molécules du CBD, précise-t-il, souhaitant développer la filière dans un cadre légal.
Il surfe sur une législation fluctuante. En France, la loi autorise uniquement la culture et la commercialisation des fibres et des graines de chanvre. L'exploitation des feuilles et des fleurs de la plante est interdite. De son côté, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a jugé illégale l'interdiction du CBD en France, au nom de la libre circulation des marchandises. Car, contrairement au THC (tétrahydrocannabinol), la molécule de CBD présente dans le cannabis n’a pas d’effet psychotrope et n’est pas considérée comme un stupéfiant, a estimé la CJUE. C'est ainsi que sa commercialisation fait florès dans un contexte juridique plus favorable. La France compte aujourd'hui près de 400 boutiques vendant des produits issus du CBD (produits alimentaires, huiles, cosmétiques, e-cigarettes, infusions, fleur à fumer ou inhaler, etc.), soit quasiment quatre fois plus qu'il y a deux ans*.
Le CBD, « n’a pas de risques addictifs et possède des vertus antiépileptiques et anti-inflammatoires ; mais ce n’est pas le cas de l’alcool », tient à rappeler l'addictologue Jean-Michel Delile.
* Source : Syndicat professionnel du chanvre.
Avec l'AFP