Medicrime a fait de ces contrefaçons un délit pénal, ce qui a donné à la police et à la justice des moyens accrus pour lutter contre elles. Quelques pharmaciens participent à son suivi, via un comité d’experts, mais ce dernier regroupe surtout des policiers et des magistrats, qui veillent à son application et à son actualisation.
Selon Sergueï Glagolev, vice-ministre russe de la Santé et actuel président de ce comité, les travaux qu’il mène actuellement amélioreront encore le partage des informations entre les pays, 24 heures sur 24 toute l’année, ainsi que les échanges avec l’industrie pharmaceutique. De plus, la Convention établit des mécanismes de réparations pour les victimes de contrefaçons, relativement rares en Europe mais nombreuses dans plusieurs parties du monde, en raison de leur toxicité ou, plus souvent, de leur inefficacité. Vice-président du comité, le lieutenant-colonel de gendarmerie français Christian Tournié souligne que la Convention permet de mener des enquêtes non subordonnées à des plaintes, et facilite les enquêtes sous couverture ainsi que les enquêtes dans les chaînes financières, l’objectif étant de pouvoir « récupérer l’argent mal acquis ».
Un enjeu de société
Ouverte à tous les pays du monde, la Convention compte 5 États africains parmi ses signataires. L’infectiologue Marc Gentilini, président honoraire de la Croix Rouge, œuvre à leurs côtés pour y combattre les contrefaçons qui « remettent en cause tous les progrès scientifiques et thérapeutiques des dernières décennies ». Il plaide pour une sensibilisation de tous les professionnels de santé aux contrefaçons et rappelle que ce combat ne s’arrête pas avec leurs seules saisies : « beaucoup de pays africains n’ont même pas les moyens de détruire les faux médicaments confisqués sur leur sol », déplore-t-il. Pour lui, la contrefaçon n’est pas qu’un problème sanitaire, mais bien une question globale impliquant l’ensemble de la société.
Face à tous ces enjeux, les responsables du Conseil de l’Europe appellent les pays européens qui ne l’ont pas encore fait à ratifier d’urgence cette Convention qui fait quotidiennement ses preuves là où elle est appliquée. En effet, 36 pays sur 47 États membres l’ont signée et, parmi eux, seulement 18 l’ont totalement ratifiée, alors que son utilité est encore plus évidente dans la période sanitaire que nous traversons. Certains pays, déjà particulièrement actifs lors de sa rédaction, ont été et restent les moteurs de la Convention, à l’image de la Russie, de la France ou de la Suisse, mais d’autres, comme l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni, n’y participent que de loin, voire pas du tout. La Commission européenne envisage par ailleurs de la ratifier en tant qu’institution partenaire.