* La romancière australienne Liane Moriarty fait mouche à tous les coups, avec des titres adaptés au cinéma ou en série comme « Petits secrets, grands mensonges », « le Secret du mari », « Neuf parfaits étrangers », etc. Publié en 2011 et traduit en français seulement aujourd’hui, « Amours et autres obsessions », son quatrième roman, divertit en jouant sur les ressorts de la psychologie. L’héroïne, hypnothérapeute, est une femme en mal de stabilité sentimentale. Elle tombe amoureuse d’un père célibataire bien sous tous rapports mais… harcelé depuis trois ans par une ex qui s’impose à chaque moment et par tous les moyens. Le thème est original, l’écriture aussi, puisque le récit est partagé entre une rédaction à la troisième personne quand il s’agit de la nouvelle élue et à la première personne quand s’exprime la femme rejetée. Une pertinente comédie humaine où les sentiments sont passés au peigne fin sans concession ni jugement. (Albin Michel, 460 p., 22,90 €)
* Pour alterner avec son précédent pavé, le dernier petit (en nombre de pages) livre de Marc Levy, l’écrivain français le plus lu dans le monde, est tout indiqué. Après les hackers justiciers qui s’attaquent aux méchants puissants de ce monde (trilogie « 9 »), « Éteignez tout et la vie s’allume » est la rencontre, sur un bateau, d’un jeune passager de troisième classe et d’une femme plus âgée de la première classe. Une rencontre improbable qui peut – ou pas – évoluer vers un amour impossible, le temps d’un cheminement vers un enterrement. Entre promesse et nostalgie. (Robert Laffont/Versilio, 212 p., 18 €)
* « Recherche gentleman fortuné », de l’Anglaise Sophie Irwin, est une délicieuse et impertinente romance historique qui se déroule au début du XIXe. Pour subvenir aux besoins de ses quatre sœurs et payer les dettes afin de conserver le cottage familial, la jeune Kitty décide, au décès brutal de leurs parents, de se rendre à Londres pour y débusquer un riche mari. Propulsée dans la haute société, elle doit en apprivoiser les codes et affronter le frère, pour le moins méfiant, de sa future proie. Un roman justement sous-titré « Guide à l’usage des jeunes filles », tant l’héroïne, maligne et déterminée, semble moderne. (Calmann-Lévy, 389 p., 18 €)
* Dans la foulée de « l’Île du docteur Faust » qui avait pour thème le fantasme de la jeunesse éternelle, Stéphanie Janicot (« Dans la tête de Shéhérazade », « la Mémoire du monde ») consacre « Disco Queen », son 22e livre, à une défense et illustration de la légèreté. Une femme divorcée avec deux grandes filles, en préretraite pour cause de leucémie, rêve de danse et de la bonne musique disco du temps d’avant, et de transformer pour cela la cave de la maison familiale en boîte de nuit, d’inviter John Travolta… Et si ces rêveries, qu’elle se contente de coucher sur le papier et que l’on peut lire en parallèle de la véritable histoire du dancing, devenaient réalité ? D’autant que la forêt de Brocéliande n’est qu’à deux pas ! Et puisque dans un roman tout est possible, pourquoi pas dans la vie ? (Albin Michel, 234 p., 19,90 €)
* L’optimisme est décidément la règle. Agnès Ledig, dont le succès ne se dément pas depuis « Marie d’en haut » et « Juste avant le bonheur », montre un jeune couple d’amoureux qui a construit, en plein cœur des Vosges, « Un abri de fortune » pour des abîmés de la vie censés se refaire une santé au contact de la nature. Ce n’est rien de dire que les trois premiers qui arrivent ont besoin de se ressourcer ! L’auteure décrit avec empathie les personnalités, les passés et les gestes de survie de cette petite communauté de hasard, qui œuvre sous le regard lointain d’un homme âgé assis sur un banc en haut de la colline. Et pour enfoncer le clou, elle ajoute du suspense avec la découverte de trois pierres gravées de dates de la dernière guerre mondiale. (Albin Michel, 358 p., 21,90 €)
* Le propos d’Anne-Laure Delaye n’est pas très éloigné, qui campe dans un premier roman, « la Poésie des marchés », une analyste financière chez un grand fournisseur d’énergie (le métier de l’auteure, qui sort de CentraleSupélec), bien décidée à réenchanter le quotidien de l’entreprise. Entourée de quelques marginaux tout aussi déjantés, elle met en œuvre son projet de PVV (Poésie vibratoire du Vivant), la seule façon selon elle de s’accommoder du sérieux du monde. Car bien sûr, « à situation irrationnelle, solution irrationnelle » ! (Albin Michel, 267 p., 19,90 €)