* Dans la lignée des « Grands Cerfs », prix Décembre 2019, l’écrivaine et artiste plasticienne Claudie Hunzinger embrasse, dans « Un chien à̀ ma table », notre rapport au monde, les dommages dont nous sommes responsables et l’espoir d’un espoir pour l’humanité. Une jeune chienne maltraitée a brisé ses chaînes et s’est réfugiée dans la maison des Bois-Bannis où vivent « l’écri-vaine » et son compagnon. Au-delà̀ des riches relations entre l’humain et la bête, le roman interroge l’amour qui lie depuis si longtemps ce vieux couple en dépit des divergences, sur l'atteinte des ans et sur le lien entre la nature menacée – comme les livres – et le féminin révolté. Consciente des dangers qui pèsent sur l’humanité, l’auteure n’est pas totalement pessimiste, son héroïne croit en la poésie. (Grasset, 283 p., 20 €)
* Après l’intrigant « Où vont les vents sauvages », l’écrivain-voyageur britannique Nick Hunt explore quatre lieux insolites situés en Europe : une parcelle de toundra en Écosse, un vestige de forêt vierge en Pologne, un désert en Espagne et les steppes herbeuses de Hongrie. Sous sa plume il ne s’agit pas seulement de bizarreries géologiques, mais de lieux qui transportent, de portails vers l’irréel. « Un palmier en Arctique » n’est pas tant un ouvrage sur la nature, ni même un récit de voyage, qu’« une fantaisie : quatre petits pèlerinages dans l’imaginaire ». (Gallimard, 329 p., 24 €)
* Grand cycliste devant l’éternel et sachant que, à 70 ans, il n’a pas l’éternité devant lui, Lionel Duroy (« le Chagrin », « l’Hiver des hommes », « Eugenia ») a enfourché son vélo avec pour objectif Stalingrad et, peut-être, d’aller à̀ la rencontre de sa mort. De ce périple, qui est autant un cheminement intellectuel que géographique, est né « Disparaître », mi-autobiographie romancée sur ses difficiles relations amoureuses et familiales, mi-errance dans le temps et dans l’Histoire. (Mialet-Barrault, 286 p., 20 €)
* « L’Île haute »« raconte un déplissement », confie son auteure Valentine Goby (« Un paquebot dans les arbres », « Murène »). Écrit pendant le confinement, ce récit initiatique évoque la découverte de la montagne par un petit Parisien de 12 ans confié à de bonnes âmes parce qu’il est asthmatique et juif. Tout est nouveau pour lui, les gens, leur mode de vie, les animaux, et ce paysage de la vallée des Ours, face aux Aiguilles Rouges, qui se découvre au fil des saisons dans toute sa magnificence. Un roman-paysage tout de sensations et d’émotions. (Actes Sud, 268 p., 21,50 €)
* Colin Niel, qui a travaillé pendant douze ans dans la préservation de la biodiversité, notamment en Guyane française, est l’auteur d’une série avec un gendarme noir-marron à la recherche de ses origines, de « Seules les bêtes », adapté au cinéma, et de « Entre fauves ». « Darwyne » est le titre et le prénom du héros de son nouveau roman, un garçon de 10 ans légèrement contrefait, qui vit à Bois Sec, un bidonville gagné sur la jungle amazonienne. Un enfant déchiré entre sa mère trop belle et convoitée et la forêt infinie et mystérieuse où il a trouvé refuge, contre ceux qui le voudraient à leur image. (Rouergue, 274 p., 21,50 €)
* Il s’appelle Lucien, mais le titre du premier roman de Léna Paul-Le Garrec, est « Lulu ». Il a 10 ans, il est mal aimé par sa mère et malmené en classe, il vit dans ses rêves et n’a le sentiment d’exister qu’au bord de la mer. Naturaliste, collectionneur de coquillages, ramasseur de bouteilles, il finira, adulte, par inventer une nouvelle espèce de poisson qui nettoie les mers de la pollution humaine. (Buchet-Chastel, 175 p., 16,50 €)
* L’ailleurs évoqué par l’Américain Karl Marlantes (« Retour à Matterhorn », « Partir à la guerre ») se situe sur la côte Nord-Ouest du Pacifique au début du XXe siècle, une colonie de bûcherons près de la Columbia River, où deux frères et une sœur finlandais ont émigré. « Faire bientôt éclater la terre » est une impressionnante saga familiale, qui montre les combats d’une génération dans une Amérique qui se construit à toute vitesse, en même temps que les ravages causés par l’exploitation de la forêt primaire. (Calmann-Lévy, 853 p., 24,50 €)
* Après un premier roman dont le héros était, comme l’auteur, docteur en philosophie, Alexis Anne-Braun publie « le Grand Contournement », une fiction autour de la voie rapide qui contourne Strasbourg par l’ouest, inaugurée en décembre 2021 après plus de 40 ans de contestations et d’actions de zadistes. Ce sont eux les héros du livre, militants anonymes de tous les milieux accueillis par une vieille châtelaine, réunis pour défendre leur cause, un morceau de paysage, quelques arbres et un moulin. (Fayard, 220 p., 19 €)