* Les femmes sont au centre du deuxième volet de la tétralogie de Pierre Lemaitre sur les Trente Glorieuses, dans laquelle il « feuillette » le siècle à la manière d’un album de famille, ainsi que quelques genres littéraires. Après « le Grand Monde », roman d’aventures, « le Silence et la Colère » est un roman social qui se déroule à Paris et en province entre février et mars 1952. Au fil du combat pour la libération des femmes et le droit à l’avortement dans cette période très répressive, et de drames humains liés au progrès – l’édification de barrages hydroélectriques qui ont entraîné l’ennoiement de nombreux villages –, on remonte le temps de ce qui sera appelé la « société de consommation ». Avec le commerce de masse, l’essor d’un journalisme très « grand public » et la fabrication de l’opinion publique, le développement du sport spectacle, etc. (Calmann-Lévy, 592 p., 23,90 €)
* Autre ouvrage attendu, le septième et dernier volet de la série des Malaussène de Daniel Pennac, entamée en 1985 avec « Au bonheur des ogres » et qui se clôt avec « Terminus Malaussène. Le cas Malaussène, 2 ». Mise en place avec un personnage assez quelconque, Benjamin Malaussène, employé d’un grand magasin qui reçoit les plaintes des clients, la saga s’est enrichie d’une famille peu banale, avec six frères et sœurs de pères différents, et pléthore d’individus plus excentriques les uns que les autres, sur fond d’intrigues policières loufoques. Surprise : les héros de ce dernier opus sont deux protagonistes jusque-là restés dans l’ombre : Maman Malaussène et surtout Pépère, vieil assassin méchant et méticuleux. (Gallimard, 448 p., 22,90 €)
* La médecine a inspiré plusieurs auteurs. Après « la Jongleuse », portrait d’une femme qui se perd dans les fragments d'une existence morcelée entre carrière et vie d’épouse et de mère, Jessica Knossow, 36 ans, médecin, donne avec « le Poulain » un roman d’apprentissage. Une étudiante fait tout pour passer son dernier semestre d’internat dans le département de chirurgie d’un immense professeur qu’elle adule, à la Pitié-Salpêtrière. Enfin remarquée, elle déploie ses ailes et ses connaissances, au point que sa carrière universitaire lui fait oublier sa première passion, soigner les malades. Mais comment se libérer d’un lien fondateur devenu une emprise sans trahir ? (Denoël, 144 p., 16 €)
* « Guérir à deux voix » est le journal croisé d'Irvin D. Yalom, professeur émérite de psychiatrie à Stanford (« le Bourreau de l’amour », « Mensonges sur le divan ») et d'une patiente, la jeune écrivaine Ginny Elkin. Elle n'a pas d’argent lorsqu’elle vient le consulter ; il lui propose de payer ses séances hebdomadaires avec son propre compte-rendu, tandis que le thérapeute consignera ses notes impressionnistes et non cliniques après chaque séance. Publié en 2011 sous le titre « Dans le secret des miroirs », l’ouvrage est réédité dans une traduction entièrement révisée. (Albin Michel, 384 p., 23,90 €)
* Seynabou Sonko, franco-sénégalaise née à Paris, n’a que 20 ans. Après avoir étudié les lettres modernes à Montréal et à Bruxelles, publié dans des revues et s’être fait connaître dans la musique sous le nom de Naboo, elle sort un premier roman, « Djinns », dans lequel elle confronte différentes visions de la folie. Après que son copain Jimmy a été interné à la suite d’une bagarre, la jeune Penda se rapproche de sa grand-mère guérisseuse pour s’initier au rite de passage Bwiti. À cheval entre deux cultures et deux visions du monde, Penda s’interroge sur ses propres croyances, ainsi que sur la maladie mentale et son traitement. Diagnostiqué schizophrène, Jimmy est sous l’emprise d’un traitement chimique. Pour la vieille femme, il n’y a que la racine d’iboga qui peut éloigner les jnouns de Jimmy et le guérir. (Grasset, 180 p., 18,50 €)
* Auteur de trois recueils de poésie et de huit romans, dont le best-seller « Lettre à Helga », Bergsveinn Birgisson signe avec « Déperdition de la chaleur humaine » un voyage inédit à travers l’esprit et l’Islande en même temps qu’une lecture divertissante sur la folie, autant individuelle que sociale. Un homme proche de la cinquantaine, épuisé par un divorce récent, organise l’évasion d’un ami d’enfance, un écrivain qu’il admire, récemment interné pour une dépression. L’infirmière en charge du « malade » se lance à leurs trousses, bien décidée à mettre un terme à leur road-trip insensé. Une course-poursuite rocambolesque à travers les grandes étendues islandaises, tempérée par des rencontres aussi inattendues que poétiques et bientôt submergée par l’irrationnel des émotions. (Gaïa, 192 p., 22 €)