De précédents travaux avaient déjà suggéré le rôle joué par la sphingomyélinase acide (ASM) dans l’infection par le SARS-CoV-2. « Des preuves précliniques indiquent que le SARS-CoV-2 active la sphingomyélinase acide (ASM)/système céramide, entraînant la formation de domaines membranaires enrichis en céramides qui facilite l'entrée virale et l'infection », rappellent les auteurs. Une étude in vivo a également montré que plusieurs FIASMA, dont la fluoxétine et l'amitriptyline, ont permis d’inhiber l'ASM et la formation de domaines membranaires enrichis en céramides, empêchant les cellules d'être infectées par le SARS-CoV-2.
Un risque d’intubation ou de décès inférieur de 42 %
Pour confirmer cette piste de traitement, les chercheurs ont exploré l’entrepôt des données de santé de l’AP-HP qui collecte des informations sur les patients hospitalisés dans les différents établissements franciliens. Ils se sont ainsi penchés sur les cas de 2 846 patients adultes hospitalisés pour une forme sévère de Covid-19 au début de l’épidémie (du 24 janvier au 1er mai 2020). Parmi eux, 277 patients (9.7 %) prenaient un médicament FIASMA lors de leur admission à l’hôpital. Les plus fréquents étaient l’amlodipine, la paroxétine, l’escitalopram, l’amiodarone, l’hydroxyzine, la sertraline, l’amitriptyline et la fluoxétine.
« Sur un suivi moyen de 9,2 jours, le critère d'évaluation principal [intubation ou décès, N.D.L.R.] s'est produit chez 104 patients (37,5 %) recevant un médicament FIASMA et chez 1 060 patients (41,4 %) qui n'en recevaient pas », est-il relevé. Le risque d’intubation ou de décès était ainsi inférieur de 42 % chez les patients sous traitement par rapport à ceux qui n’avaient pas reçu un tel traitement. « Cette association est restée significative dans plusieurs analyses de sensibilité et n'était pas spécifique à une classe FIASMA ou à un médicament particulier », indiquent les auteurs.
Selon eux, ces résultats montrent « l'importance potentielle du système ASM/céramide dans le Covid-19 » et soutiennent la poursuite des traitements à base de médicaments FIASMA en cas d’infection par le SARS-CoV-2. Les auteurs insistent également sur la nécessité d’essais randomisés contrôlés en double aveugle privilégiant les molécules FIASMA ayant un fort effet d'inhibition in vitro de l’ASM. La fluoxétine, la fluvoxamine, l’ambroxol ou l'hydroxyzine notamment présentent une bonne tolérance clinique et de faibles coûts. Des essais de phase 3 utilisant la fluvoxamine (un antidépresseur FIASMA) sont déjà en cours aux États-Unis, au Canada, en Afrique du Sud, au Brésil et en Croatie.
D'après une étude menée par le service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Corentin-Celton (AP-HP), l’université de Paris et l’Inserm* et publiée dans « Clinical Pharmacology & Therapeutics » le 29 mai 2021, en collaboration avec des équipes de recherche des universités de Duisburg-Essen, d’Erlangen-Nuremberg, de Washington (St Louis) et de Toulouse.