* Depuis la publication anonyme de son premier roman, « Aziyadé », aux éditions Calmann-Lévy en 1879, à l’âge de 29 ans, Pierre Loti est resté fidèle à la maison. Elle publie, à l’occasion du centenaire de sa mort, une nouvelle édition reliée de « Pêcheur d’Islande » (1886), avec une préface de Didier Decoin, de l’Académie Goncourt, ainsi que « le Monde en passant », un recueil inédit de ses reportages. La trentaine de textes réunis et présentés par deux spécialistes de l’écrivain, Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, mêle les lieux proches et lointains, les périodes, des visions de villes et de régions en paix et prospères ou au contraire de zones meurtries par la guerre et la misère. (Calmann-Lévy, 383 p., 20,90 €)
* La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) n’a pas fini de hanter Dominique Fortier. Après en avoir livré une biographie romancée, « les Villes de papier », prix Renaudot essai 2020, l’écrivaine québécoise consacre « les Ombres blanches » à l’esprit d'une femme qui avait toujours refusé de voir ses écrits publiés (on estime leur nombre à près de 1800). Grâce à sa sœur Lavinia, qui a passé outre sa volonté, à l'épouse de son frère, à la maîtresse de ce dernier et sa fille, nous avons accès à cette œuvre unanimement reconnue. À travers l’histoire de Lavinia, Susan, Mabel et Millicent, Dominique Fortier prolonge la vie d’Emily. (Grasset, 256 p., 20,90 €)
* Membre de la Comédie-Française et acteur de cinéma, Philippe Torreton est aussi un amoureux de la poésie, qui a réuni dans une « Anthologie de la poésie française » et sur cinq siècles, plus de 150 poètes et plus de 300 poèmes. Pour lui, ce n’est pas un livre mais « un kit de survie en territoire hostile. Un couteau suisse ». (Calmann-Lévy, 624 p., 23,90 €)
* François Cheng, poète, romancier, essayiste, membre de l’Académie française depuis 2002 (cité dans la précédente anthologie), revient, dans « Une longue route pour m’unir au chant français », sur le parcours qui l’a conduit à devenir, lui l’exilé qui ne parlait pas français, un poète français. « (...) une symbiose qui unit la Voie du Tao et les voies orphique et christique, orientant sans cesse le poète vers l’authentique universel. ». (Albin Michel, 244 p., 17,90 €)
* Comment ne pas évoquer un maître incontesté du « flagrant délire », Raymond Devos (1922-2006) ? On salue une nouvelle édition de l’intégralité des sketches en un seul volume, « Matière à rire. L’intégrale », 165 chefs-d’œuvre d’absurde, de rire et de poésie à savourer et méditer. (Plon, 473 p., 22,90 €)
* À signaler aussi « Monsieur Romain Gary. Ecrivain-réalisateur », le deuxième volume de la trilogie consacrée par Kerwin Spire au double prix Goncourt (pour « les Racines du ciel » et « la Vie devant soi »). Après ses quatre années à Los Angeles, (« Monsieur Romain Gary. Consul général de France »), on retrouve Romain Gary à Paris en 1960. Dans une fiction inspirée de « faits réels », l'auteur explore l’influence sur la carrière de l’écrivain-diplomate de son épouse l’actrice Jean Seberg et du septième art. (Gallimard, 228 p., 20,50 €)
* L’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez (1927-2014), prix Nobel de Littérature en 1982, avait une passion, le journalisme. Un engouement qui ne l’a jamais quitté, même après le succès mondial de « Cent ans de solitude » en 1967. « Le Scandale du siècle » est une anthologie de ses « écrits journalistiques » de 1950 à 1984, entre scènes de la vie quotidienne, chroniques politiques, faits-divers, portraits de Hemingway ou de Fidel Castro, de Paris, Mexico ou Bogota, réflexions sur l’écriture... (Grasset, 442 p., 24 €)
* Que se passe-t-il quand un personnage imaginé par le fondateur du roman noir américain Dashiell Hammett (1894-1961), installé dans un roman inachevé, publié après sa mort (« Tulip »), cherche à convaincre l’auteur du « Faucon maltais », tout juste sorti de prison pour cause de maccarthysme, d’écrire sur sa propre vie aventureuse et débauchée ? C’est ce que l’on découvre avec enthousiasme dans « le Dernier Hammett », de l’Argentin Juan Sasturain, un roman hard-boiled très dense en même temps qu’une mise en abîme du genre lui-même, un jeu de miroirs entre réalité et fiction et sur la manière dont celle-ci construit la vie des lecteurs autant que la réalité. (Gallimard, 761 p., 25 €)
* Romancier, scénariste de BD et professeur de mathématiques, Jean-François Kierzkowski raconte, dans « Portrait de l’écrivain en chasseur de sanglier », les aventures drolatiques d’un auteur en quête de reconnaissance. Dans le village où il vit et où on se passionne plus pour la chasse que pour la littérature, il croit toucher au but quand l’Académie française lui demande d’écrire une notice sur Alphonse de Chateaubriant, qu’elle a couronné en 1923. Sans se douter des déboires qui découleront du « t » au lieu du « d » final ! (Mialet-Barrault, 240 p., 19 €)