Dans un entretien au « JDD », le 22 août, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé la poursuite de la stratégie de dépistage par autotests au lycée, mais « dans une politique de ciblage, plus que de filet », une stratégie plus adaptée à un taux de vaccination plus élevé dans cette tranche d'âge, selon lui. Il suit ainsi la position publiée début août par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en réponse à une saisine du Sénat.
Des campagnes peu efficientes, selon le HCSP
L’objectif, annoncé par le ministre, de 600 000 tests salivaires hebdomadaires dans le primaire s’éloigne en revanche des préconisations du HCSP, qui juge ces campagnes de dépistage dans des écoles maternelles et élémentaires « peu efficientes et techniquement trop contraignantes » et préfère les réserver à des protocoles de recherche scientifique.
Le HCSP estime qu'« avant leurs mises en place », il conviendrait de préciser « les conditions de ces dépistages ciblés des adultes et des enfants en milieu scolaire (déclinaison opérationnelle [réalisation, rendu des résultats, moyens accordés], accord parental et de l’enfant, technique de prélèvement facile et non invasive, rendu rapide des résultats) ».
Malgré les réserves du HCSP, le Conseil scientifique regrette « l’abandon du dépistage (dépistage généralisé ou mieux dépistage réactif de la classe lors d'un cas détecté) » qui aiderait à atteindre l'objectif « de maintenir les classes et les écoles ouvertes afin de préserver l'éducation et la santé mentale des enfants ».
« S'il remporte au moins 50 % d'adhésion, un dépistage salivaire deux fois par semaine chez les primaires pourrait permettre de dépister rapidement les cas et de les renvoyer à la maison sans fermer l'école, car la priorité, reste de garder les écoles ouvertes », a plaidé, ce 23 août au micro de « France Inter », l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, citant les résultats de modélisations publiées dans un précédent avis du Conseil.
Chez les adolescents, « le dépistage pourrait également apporter un bénéfice important pour le contrôle de l'épidémie, ce d'autant qu'il sera pratiqué dans une population partiellement vaccinée (supérieur à 50 %) et où les efforts à réaliser pour contrôler la circulation du virus seront de fait moins importants », ajoute la note.
Le document insiste également sur le nécessaire maintien des gestes barrières : le passe sanitaire « ne doit pas être compris ni mis en œuvre comme une protection absolue contre la contamination », est-il rappelé. Car, si le retentissement sur le système de soins de la vague liée au variant Delta est « élevé, durable, mais contenu », le Conseil scientifique craint « une nouvelle période de contaminations » avec le retour des habitants dans les grandes métropoles et de la rentrée des classes.