Trois fois par semaine, tôt le matin, Damien Puissant chausse ses baskets et part courir le long de la Vilaine, dix kilomètres durant une heure, avec des séries fractionnées alternant un rythme lent et un rythme accéléré.
Cela fait quatre ans que ce pharmacien de 35 ans, titulaire à Rennes (Ille-et-Vilaine), court, toujours seul. Auparavant, il jouait au foot avec des copains, dans son Morbihan natal. Mais les études bouleversent les emplois du temps, et son installation, peu après son diplôme, « ne [lui] a pas laissé plus de temps libre pour quoi que ce soit ».
Damien Puissant avait pourtant envie de faire du sport, il en ressentait la « motivation ». Va pour la course : « On achète des baskets, et on court autour de chez soi, même si on se sent un peu rouillé au départ. »
Mais courir ainsi ne lui suffit pas. Le confrère en est venu à se poser la question de la compétition : « Pour se mettre un objectif, renforcer sa motivation. Je cours tout le temps seul, un club me poserait des problèmes d'organisation et de temps. Nous avons aussi eu un enfant avec ma femme, courir seul est le plus simple pour moi. »
Damien Puissant voulait un objectif, suivre un plan d'entraînement, il s'est donc fixé « d'avoir toujours une compétition en ligne de mire ». Il s'est inscrit à dix à quinze « 10 kilomètres », quatre ou cinq semi-marathons (21 km) par an, et a couru le marathon de Paris en 2019.
« Sur 10 kilomètres, la préparation est plus légère, il n'y a pas beaucoup de problèmes de nutrition ou d'hydratation. Pour un marathon, il faut gérer le rythme de sa course. On est seul parmi les autres, mais en courant on voit tout l'environnement, on voit tout, et 42 kilomètres c'est long. Le plus dur, c'est le « mur » du marathon : on flanche un peu vers le 30e kilomètre, si on n'est pas bien nourri, pas bien hydraté. Je l'ai ressenti au 33e ou 34e kilomètre, un début de crampe, des douleurs aux côtes. À Paris, il y a beaucoup de faux plats. »
Des courses connectées en temps de pandémie
Damien Puissant aimerait courir le marathon de Londres, mais la pandémie a suspendu les compétitions. Les 10 kilomètres étaient nombreux autour de Rennes. Lui a continué à s'entraîner, il a même participé à des courses « connectées », chacun choisissant son parcours, les temps étant comparés avec la montre.
« Les courses en Bretagne sont de plus en plus populaires, elles attirent beaucoup de participants, dit-il. C'est un sport accessible en temps, comme par son budget. » Lui voudrait courir avec d'autres, des copains, mais beaucoup autour de lui qui faisaient du sport ont arrêté.
Le sport est un sujet de conversation au comptoir de la pharmacie. Des clients sont blessés et demandent conseil pour reprendre, des produits pour se soigner, pour éviter de nouvelles blessures.
Quelques clients connaissent la passion de leur pharmacien. Lui apprécie de pouvoir la partager, même au comptoir.